Les dirigeants arabes ont adopté, mardi 4 mars, un plan pour la reconstruction de la bande de Gaza et le retour de l’Autorité palestinienne dans l’enclave. Le projet est présenté comme une alternative au projet de Donald Trump de placer le territoire sous contrôle américain.
Réunis au Caire, les dirigeants des pays de la Ligue arabe ont mis en garde contre les tentatives « odieuses » de déplacement de la population de la bande de Gaza et appelé à unifier les Palestiniens sous le parapluie de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), excluant de fait le Hamas, au pouvoir à Gaza, qui n’en fait pas partie.
Ils ont convenu de créer un fonds destiné à financer la reconstruction de l’enclave, détruite par quinze mois de guerre entre Israël et le Hamas, en appelant à une contribution internationale pour accélérer le processus. La bande de Gaza serait administrée durant une période transitoire par un comité de technocrates palestiniens, avant que l’Autorité palestinienne n’en reprenne le contrôle.
Lors de ce sommet, l’Egypte a présenté un plan d’un montant de 53 milliards de dollars sur cinq ans, une estimation équivalente à celle de l’ONU, pour reconstruire la bande de Gaza. Le président Abdel Fattah Al-Sissi a déclaré que ce plan garantirait le maintien des 2,4 millions d’habitants dans le territoire, une réponse au projet du président américain qui prévoit leur expulsion vers l’Egypte et la Jordanie pour faire de Gaza la « Riviera du Moyen-Orient ».
Il n’a toutefois pas critiqué le plan de Donald Trump, qui avait soulevé un tollé international, début février. Au contraire, il a affirmé que le président américain était « capable de parvenir à la paix » dans la région.
« Toute tentative odieuse de déplacer le peuple palestinien ou (…) d’annexer une partie des territoires palestiniens occupés plongerait la région dans une nouvelle phase de conflits (…) ce qui constitue une menace claire pour (…) la paix » au Proche-Orient, indique le communiqué final du sommet.
Le Caire cherchera à obtenir pour son plan le soutien des nations musulmanes à l’occasion d’un sommet d’urgence de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), vendredi à Djeddah (Arabie saoudite), afin que ce projet « devienne à la fois un plan arabe et un plan islamique », selon le ministre égyptien des affaires étrangères, Badr Abdelatty.
Le Hamas « salue » le plan arabe
Ce sommet s’est réuni dans un contexte de blocage sur la suite du cessez-le-feu en place depuis le 19 janvier, entre Israël, qui réclame la « démilitarisation totale » de la bande de Gaza, et le Hamas, qui insiste pour y rester. Le mouvement islamiste s’était emparé du pouvoir dans le territoire en 2007, après en avoir chassé l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas.
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« L’Etat de Palestine assumera ses responsabilités dans la bande de Gaza par le biais de ses institutions gouvernementales », a affirmé, devant le sommet, Mahmoud Abbas, âgé de 89 ans.
Le président palestinien s’est dit prêt à organiser « l’année prochaine » des élections présidentielles et législatives dans les territoires palestiniens, « à condition que les conditions soient réunies ». Il n’a donné ni calendrier ni expliqué comment de telles élections pourraient avoir lieu dans la bande de Gaza en ruines. Le Hamas a « salué » de son côté le plan arabe ainsi que la création d’un comité chargé de gérer le territoire après la guerre.
Le plan a déjà été rejeté par Israël, qui a promis d’éliminer le Hamas mais exclut aussi tout rôle futur pour l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie. Sur X, la diplomatie israélienne a accusé cette dernière d’avoir démontré « de manière répétée sa corruption, son soutien au terrorisme et son échec à régler la question ». Elle a reproché aux pays arabes de « rejeter l’opportunité [que constitue le plan américain] sans lui donner une chance équitable et de continuer de proférer des accusations sans fondement contre Israël ».
Selon le plan égyptien, la première étape de la reconstruction, d’une durée de six mois, doit être consacrée au déblaiement des débris, au déminage et à la fourniture de logements temporaires pour abriter plus de 1,5 million de personnes.
Suivront deux phases de reconstruction, la première comprenant des infrastructures essentielles et des logements permanents, la seconde des infrastructures incluant un port commercial et un aéroport.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, également présent au Caire, a affirmé que l’ONU « soutenait fermement » le plan arabe.
Une trêve menacée
Une première phase de la trêve, d’une durée de quarante-deux jours, a pris fin le 1ᵉʳ mars, après avoir permis le retour de trente-trois otages retenus à Gaza en échange de la libération par Israël d’environ 1 800 détenus palestiniens.
Les deux camps s’opposent à présent sur la suite du processus, avec pour première conséquence le blocage imposé depuis dimanche par Israël à l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée.
Israël souhaite une extension de la première phase de la trêve jusqu’à la mi-avril, tandis que le Hamas insiste sur la mise en œuvre de la deuxième étape, prévoyant un cessez-le-feu permanent et la libération de tous les otages. Le gouvernement israélien ne cesse de répéter qu’il se réserve le droit de reprendre les combats à tout moment pour anéantir le Hamas si celui-ci ne dépose pas les armes. Le ministre israélien des affaires étrangères, Gideon Saar, a de nouveau exigé, mardi, une « démilitarisation totale » du territoire, le départ du Hamas et le retour des otages enlevés lors de l’attaque du 7 octobre 2023. « Les armes de la résistance sont une ligne rouge (…) une question non négociable », a affirmé, de son côté, un des chefs du Hamas, Sami Abou Zouhri.