Le chercheur belge Fabrice DeClerck, spécialiste des interactions entre alimentation et environnement, est le directeur scientifique de la plateforme de recherche EAT, à l’origine de l’étude de référence Eat-Lancet de 2019 sur le « régime de santé planétaire », ainsi que le coordinateur du chapitre sur l’alimentation dans le dernier rapport de la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité (IPBES) paru en décembre 2024. Dans un entretien au Monde, il regrette que les initiateurs de la loi Duplomb n’aient pas pris en compte les liens entre agriculture, biodiversité, climat et santé publique.
Quel regard portez-vous sur la loi Duplomb et les débats qu’elle suscite en France ?
Il est encourageant de voir la réaction du public à cette proposition de loi, mais décourageant de constater le manque de participation scientifique aux débats qui se sont tenus au Parlement. Ce qui me préoccupe, c’est que ce texte ignore les liens entre agriculture, santé, climat et biodiversité.
En décembre 2024, 147 pays [dont la France] ont adhéré à l’évaluation du dernier rapport de l’IPBES. Ce rapport, qui a nécessité trois années de travail par 165 experts internationaux, souligne que nous sommes confrontés à plusieurs crises interconnectées : climatique, de santé publique, de la biodiversité, de l’eau. Or, on continue d’y répondre une par une, de façon isolée. Les actions existantes sont insuffisantes pour s’attaquer à la complexité des défis.
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