Une lumière rose brille intensément pendant 22 minutes avant de s’éteindre brusquement. Sur ces images, captées par le Commissariat à l’énergie atomique (CEA), on aperçoit les contours d’un plasma, cet état de la matière dans lequel se produisent des réactions de fusion nucléaire, comme dans les étoiles. Le 12 février, dans les Bouches-du-Rhône, à Cadarache, sur le réacteur à fusion (tokamak) WEST du CEA, ce plasma a perduré à environ 50 millions de degrés pendant 1 337 secondes, soit plus de 22 minutes. C’est un nouveau record mondial, qui franchit pour la deuxième fois seulement la barrière des 1 000 secondes.
« C’est un grand succès, se réjouit Jérôme Bucalossi, directeur de l’Institut de recherche sur la fusion par confinement magnétique (IRFM) du CEA. C’était un sujet sur lequel on travaillait depuis longtemps avec ce défi de dépasser les 1 000 secondes. On s’attendait à le relever mais pas à réussir aussi bien ! »
Pour obtenir ce plasma, les chercheurs ont injecté dans le tokamak des atomes d’hydrogène (utilisés pour la fusion nucléaire en raison de leur légèreté), puis leur ont arraché des électrons au moyen d’une décharge électrique. La « soupe » qui en résulte, formée d’électrons libres et d’atomes chargés, constitue le plasma. Elle est ensuite chauffée grâce à des micro-ondes jusqu’à atteindre une température d’environ 50 millions de degrés (plus de trois fois la température du cœur du Soleil). Pour stabiliser ce plasma pendant de longues durées et le maintenir loin des parois du tokamak au contact desquelles il refroidirait, il a également été soumis à un champ électromagnétique produit par des aimants.
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