Après l’allocution d’Emmanuel Macron sur la menace russe, et l’annonce d’un effort budgétaire important pour financer la construction d’une défense européenne, mercredi 5 mars, la parole de François Bayrou était attendue. Chargé par le chef de l’Etat de faire des « propositions », le chef du gouvernement n’a pourtant rien avancé de décisif, vendredi, sur Europe 1 et CNews. L’emprunt national suggéré par le ministre de l’économie, Eric Lombard, et celui des armées, Sébastien Lecornu, « est une possibilité ». « Encore faudrait-il que l’on s’y décide », élude-t-il, dans ce moment de bouleversement de l’ordre international.
Alors que les Français se demandent si leur épargne va être mise à contribution pour l’effort de guerre, l’entourage de François Bayrou donnait le ton jeudi. Il ne fallait pas s’attendre à « quelque chose de précis ». Souvent, il botte en touche ou crée des comités, par exemple pour réformer l’Etat. Autant de subterfuges qui lui permettent de se maintenir à Matignon, tant qu’il n’est pas censuré par ses oppositions.
Près de trois mois après l’installation du Béarnais Rue de Varenne, Matignon n’a jamais semblé aussi vaporeux à ceux qui le pratiquent. Les conseillers thématiques ne sont pas sollicités, François Bayrou ne prenant pas la peine de se positionner sur un grand nombre de sujets, qui échappent au commentaire médiatique. Pourfendeur de la technocratie, il abhorre la haute fonction publique. « C’est incompréhensible ! », s’énerve souvent l’agrégé de lettres classiques à la lecture des textes produits par les administrations centrales, jugeant que le sabir des hauts fonctionnaires n’est pas « démocratique ».
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