Célèbre en Amérique latine et dans les foyers catholiques progressistes, classique des chorales donné pour son cinquantenaire en 2014 au Vatican devant le pape François, la Misa Criolla (« messe créole ») est une œuvre du compositeur argentin Ariel Ramirez (1921-2010) née dans le contexte d’ouverture du concile Vatican II. En suivant la liturgie, elle est en effet chantée non en latin, mais en espagnol, selon un syncrétisme musical qui puise dans le folklore du nord de l’Argentine. Elle connut le succès grâce à l’album enregistré en 1964 par le groupe Los Fronterizos, originaire de Salta (Argentine), à proximité de la Bolivie. Avec des guitares, un charango (le petit luth andin), un bombo (grand tambour) et – forcément – un chœur.
Soixante ans plus tard, cette messe a été redonnée au Bataclan, salle du 11e arrondissement de Paris à jamais associée à une tragédie, et il est dommage pour les spectateurs que ce contexte n’ait pas été rappelé. Plus embarrassant, que le nom d’Ariel Ramirez n’ait à aucun moment été prononcé.
L’initiative revient au ténor suisse et baroque Emiliano Gonzalez Toro, né de parents chiliens ayant fui le coup d’Etat de 1973. Il a embarqué dans l’aventure le pianiste de jazz parisien Thomas Enhco, avec lequel il avait adapté en 2022 les chansons de Violeta Parra, autrice du fameux Gracias a la vida, qui s’est suicidée à Santiago en 1967.
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