![](https://i3.wp.com/img.lemde.fr/2024/05/14/0/0/1023/682/1440/960/60/0/16946cb_1715645375921-080-hl-edervaux-1780889.jpg?w=1200&resize=1200,0&ssl=1)
Fluidité du propos, sens très vif de l’harmonie, allant de rencontre en rencontre autour de la planète, au rythme d’une carrière prestigieuse, le guitariste et compositeur Christian Escoudé est mort, lundi 13 mai, à l’âge de 76 ans, à Saint-Amant-de-Boixe (Charente), près d’Angoulême, des suites d’un cancer fulgurant.
Né le 23 septembre 1947, à Angoulême, Christian Escoudé avait été initié à la guitare par son père et un oncle, tziganes (sa mère est charentaise). Il se fait connaître dans les bals de la région, avant d’être engagé, à 21 ans, par l’orchestre d’Aimé Barelli à Monte-Carlo. Au début des années 1970, dès son arrivée à Paris où il est évidemment « monté », Christian Escoudé joue pour les vedettes en studio (Jean Ferrat, Michel Fugain, Nicole Croisille…), vite adoubé par les trentenaires du jazz.
Il forme un trio avec Eddy Louiss (génie de l’orgue Hammond) et le batteur Bernard Lubat. Plus tard, Aldo Romano (batterie), Steve Potts (saxophone), avant de rejoindre le groupe Confluence du contrebassiste Didier Levallet et d’intégrer le Swing Strings System avec le violoncelliste Jean-Charles Capon, Levallet, le violoniste Didier Lockwood, le pianiste Siegfried Kessler et Lubat. Il forme un duo avec Capon et reçoit, en 1976, le prix Django Reinhardt de l’Académie du jazz.
Toutes ses rencontres discographiques ont valeur de qualification, notamment en duo : l’illustre pianiste John Lewis, les contrebassistes Charlie Haden (Gitane, 1978) et Alby Cullaz. Dans un style bop manouche très ouvert, il sait aller là où on ne l’attend pas, autant en petite formation (avec le pianiste Mickey Graillier) que pour des musiques de film (Michel Portal) ou en big band (Martial Solal). Alain Boucanus, producteur bordelais, produit quatre albums pour le label Musica. Dès la toute fin des années 1970, la Grande Parade du jazz, à Nice, le met sur la voie de Stan Getz, Freddie Hubbard, Shelly Manne, Elvin Jones… Ne jamais oublier qu’en dépit des grandes foires que sont en train de devenir les festivals de jazz, spécialité française, surtout « sous la forme de festivaux » (Bernard Lubat dans le texte), il n’y a pas de fumisterie sans feu. Nul ne joue avec Lee Konitz et Philly Joe Jones par hasard.
Victoire d’honneur du jazz
En 1979, il est l’invité d’un trio historique, Urtreger-Michelot-Humair (piano, contrebasse, batterie) et se produit en duo avec le guitariste John McLaughlin aux Etats-Unis, au Brésil et au Japon. Toujours associé à Lockwood et au guitariste Philip Catherine, momentanément, avec Capon et le contrebassiste Ron Carter, il forme, en 1985, le Trio Gitan avec Boulou Ferré (fils de Matelo Ferret) et Babik Reinhardt (fils de), tente des formules originales (quatre guitares en octette), change une nouvelle fois de génération (Jean-Michel Pilc, piano, et les frères François et Louis Moutin contrebasse et batterie ; Vincent Courtois, violoncelle).
Il vous reste 37.53% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.