« Vous connaissez mon gendre ? Vous ne connaissez pas ma fille, Patricia ? Je vais vous la présenter. Patricia,… » Le temps de détourner les yeux, et Ginette Moulin, fidèle à sa discrétion, s’était déjà dissoute dans la foule d’invités mondains assistant, le 27 novembre 2024, à la Cité de l’architecture, à Paris, à une visite privée de l’exposition « La Saga des grands magasins », dont les Galeries Lafayette, propriété de sa famille, sont mécènes.
Régulièrement présente lors des grandes inaugurations, comme à Pékin, en 2013, où les Galeries opéraient leur retour après douze ans d’absence, ou à Paris, en 2019, pour l’ouverture du magasin dans le centre commercial de Beaugrenelle remplaçant celui de la Tour Montparnasse, elle avait pour autant l’habitude de laisser d’autres membres de sa famille prendre la lumière.
Ginette Moulin, née Heilbronn, le 7 février 1927, était le socle de la famille propriétaire des Galeries Lafayette. Elle est morte le 9 février, deux jours après avoir franchi le cap des 98 ans. Aucun communiqué de presse des Galeries Lafayette n’a été diffusé à son sujet, discrétion familiale oblige. Et pudeur aussi.
Alexandre Bompard, le PDG du groupe Carrefour, dont les Moulin sont toujours actionnaires, a salué « une femme d’exception qui a marqué de son empreinte l’histoire des Galeries Lafayette et de tout le commerce français ». En franchissant les portes de son navire amiral du boulevard Haussmann à Paris, peu de clients – pour beaucoup étrangers – connaissent en effet l’histoire de la matriarche des Galeries Lafayette. Son grand-père maternel, Théophile Bader, est à l’origine de la chaîne de grands magasins avec son cousin Alphonse Kahn. Tous deux en avaient créé l’ancêtre en 1893, sous le nom de « Magasin de nouveautés » – qui deviendra « Aux Galeries Lafayette » –, dans une petite mercerie de 70 mètres carrés de Paris à l’angle de la rue La Fayette et de la rue de la Chaussée-d’Antin.
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