Placée sous l’égide du clair-obscur (« Chiaroscuro », le titre italien donné à l’album), la confrontation de Jean-Sébastien Bach et de Frédéric Chopin aboutit à un constat : à 22 ans, Bella Schütz fait montre d’une hauteur de vue que la plupart des pianistes n’acquièrent qu’après deux ou trois décennies d’expérience. Son emprunt au domaine pictural d’un terme désignant des contrastes de lumière, paraît, en revanche, moins évident, pour ne pas dire obscur, au vu d’un programme dont le maître mot est la nuance.
Qu’importe l’aspiration imagée de la jeune Française, son interprétation a valeur de révélation. Pour ce qui la concerne, mais aussi pour ce qui touche aux œuvres des deux compositeurs qu’elle a judicieusement rapprochées sur la base de la fantaisie, de l’expression sensible à l’instant et, au-delà, à l’improvisation. La Fantaisie chromatique et fugue BWV 903, de Jean-Sébastien Bach, ouvre magistralement cet ambitieux récital. Bella Schütz impressionne d’emblée par une sonorité qui semble opérer la synthèse des différents claviers à la disposition du maître baroque, en combinant la fluidité du pianoforte, le piqué du clavecin et le moelleux de l’orgue.
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