Histoire d’une notion. On connaissait l’éco-anxiété, l’anxiété liée aux dérèglements climatiques. On découvre aujourd’hui la « politico-anxiété », l’anxiété liée à l’actualité politique et à la gouvernance du pays. La notion est apparue dans la presse le 11 octobre 2021, dans un article du magazine en ligne Slate, intitulé « Si l’élection de 2022 vous file des crises d’angoisse, vous souffrez peut-être de politico-anxiété », avant d’être reprise le jour suivant sur France Inter. Depuis, plusieurs journaux francophones ont utilisé l’expression, comme Le Vif, Le Devoir, La Libre Belgique, Top Santé ou Santé Magazine. Après la dissolution de l’Assemblée nationale, le 9 juin 2024, l’usage du mot a connu une recrudescence : « Qu’est-ce que la politico-anxiété ? », s’interroge le magazine Marie Claire, le 27 juin ; « Ces jeunes qui se sentent politico-anxieux après le premier tour des élections législatives », décrypte France 3, le 2 juillet.
Le terme n’a pas encore trouvé sa place dans les manuels de psychologie et dans la « nosographie [classification des maladies] psychopathologique », remarque Gladys Mondière, psychologue à Lille et présidente de la Fédération française des psychologues et de psychologie. « Mais les classifications ont toujours du retard… Et si le terme n’est pas officiel, l’anxiété liée à la politique s’invite, de fait, de plus en plus dans nos cabinets », ajoute-t-elle. Quelques professionnels se sont déjà saisis du concept, comme Stéphanie Bertholon-Alagna, psychologue clinicienne et cofondatrice du Centre de traitement du stress et de l’anxiété, à Lyon. « La politico-anxiété renvoie à un sentiment de menace ou d’impuissance face à un contexte politique incertain », explique-t-elle.
Il vous reste 68.48% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.
