Il y a trente-six ans, jour pour jour, la Pologne ouvrait un cycle européen, révolutionnaire, d’élargissement et de liberté. Le 4 juin 1989, ses électeurs se rendaient aux urnes avec, pour la première fois dans le bloc soviétique, un choix entre le Parti communiste, au pouvoir, et des défenseurs de la démocratie libérale occidentale, regroupés sous la bannière de Solidarnosc. Le triomphe des démocrates polonais à ce scrutin ébranla tout le bloc. Six mois plus tard, le mur de Berlin tombait. Dix-huit mois plus tard, l’Union soviétique disparaissait.
La Pologne sera-t-elle le pays qui, paradoxalement, refermera ce cycle ? La victoire, dimanche 1er juin, du candidat nationaliste conservateur Karol Nawrocki à l’élection présidentielle, avec le soutien de l’extrême droite, sur le centriste Rafal Trzaskowski pose légitimement la question.
L’élection en elle-même peut paraître anodine : M. Nawrocki ne l’a remportée qu’à une faible majorité (50,89 %) et, dans les institutions polonaises, c’est le premier ministre qui gouverne, en l’occurrence le très expérimenté Donald Tusk. Théoriquement, le gouvernement de centre droit conserve le pouvoir à Varsovie. Mais le président de la République a un pouvoir d’obstruction grâce au droit de veto qu’il peut opposer aux lois votées par le Parlement et à certaines nominations décidées par le gouvernement.
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