C’est la rentrée. Alors que le championnat masculin fait relâche, trêve internationale oblige, les footballeuses professionnelles de l’Hegaxone retrouvent les terrains. Et dès la première journée de la Première Ligue (Arkema Première Ligue), le championnat de première division en France, le menu est alléchant. Samedi 6 septembre, les Lyonnaises – rebaptisées OL Lyonnes à l’intersaison –, championnes en titres, et leurs dauphines parisiennes accueillent dans l’élite les promues du RC Lens et de l’Olympique de Marseille.
L’été, mouvementé, a confirmé deux trajectoires opposées pour les deux locomotives du championnat. À Lyon, un recrutement XXL incarne l’ambition de redevenir intouchable, y compris au niveau continental : Jonathan Giráldez, double vainqueur de la Ligue des champions avec le Barça, a pris les rênes, et la Française Marie-Antoinette Katoto et l’Allemande Jule Brand rejoignent Ada Hegerberg et Kadidiatou Diani en attaque, faisant de l’OL une équipe taillée pour viser un neuvième sacre européen.
À Paris, la donne est plus incertaine. Le club de la capitale a perdu Katoto et son ex-capitaine Grace Geyoro, partie à London City Lionesses dans les dernières heures du mercato pour le montant – record dans le football au féminin – d’1,65 millions d’euros. Pour combler ces départs, le PSG mise sur les internationales nigériane Rasheedat Ajibade et espagnole Olga Carmona. Son ancien joueur, Paulo Cesar, cinquième entraîneur en cinq saisons, doit stabiliser un projet encore fragile. L’été ne fut pas de tout repos non plus à l’Olympique de Marseille, qui a annoncé la mise à pied de son entraîneur Frédéric Gonçalves une dizaine de jours avant le début du championnat.
Dynamiser le championnat
L’OL Lyonnes et le Paris Saint-Germain croiseront le fer dès la troisième journée, le 27 septembre dans le Rhône, avant un match retour programmé le 31 janvier, lors de la 14ᵉ journée, à Paris. Les « classiques » face à l’OM – 6 décembre et 11 mars – promettent également, comme les derbys entre le PSG et le Paris FC (les 20 décembre et 7 février), troisième du dernier championnat et vainqueur de la Coupe de France.
Si, pour cette première journée de championnat, l’affrontement entre Lens et le PSG, samedi soir, sera diffusé sur Canal+ Foot, et entre l’OL Lyonnes et l’OM, dimanche, en clair par Canal+, les quatre autres rencontres feront l’objet d’un multiplex sur la chaîne Youtube de la Ligue. Et « au moins dix affiches de Seconde Ligue », le championnat de deuxième division, seront diffusées gratuitement sur Sport en France, la chaîne Youtube du CNOSF, promet la Ligue féminine de football professionnel (LFFP).
Un an après sa création, l’instance aspire à poursuivre son objectif de « faire de la France la meilleure ligue européenne de football féminin professionnel ». La Fédération française de football (FFF) a déployé un plan d’engagement sur cinq ans, d’un montant de 70 millions d’euros, dont 14 millions ont été investis la saison passée. La même somme sera investie cette saison 2025-2026, dans l’optique de dynamiser le championnat. Le dispositif Licence Club se renforce avec des labels thématiques permettant aux clubs d’être financièrement récompensé en fonction des priorités qu’ils se fixent (formation des joueuses, visibilité, expérience des supporteurs, engagement territorial), et un quota progressif de joueuses formées localement doit entrer en vigueur d’ici 2028.
En mai 2025, le président de la FFF, Philippe Diallo, insistait que « la LFFP doit trouver son autonomie économique le plus rapidement possible ». Côté sponsoring, si le chimiste français Arkema a prolongé sa participation jusqu’en 2028, l’élite féminine a conclu un nouveau partenariat, dont le montant n’a pas été communiqué, avec l’opérateur de paris sportifs Betclic en juillet. La quête de recettes est aussi délicate qu’impérative dans le contexte hexagonal où la crise financière liée à la baisse des droits de diffusion pour la Ligue 1 et la Ligue 2 nuit aux équipes féminines, encore largement liées à leurs homologues masculins.
Pour les instances, l’expérience lyonnaise, où la section féminine a été vendue en 2023 à l’investisseuse américaine Michele Kang – également venue en juin au secours de la section masculine –, fait figure de modèle. Au Paris FC et à l’AS Saint-Etienne, l’arrivée en 2024 des milliardaires de la famille Arnault et de l’homme d’affaires canadien Lawrence Tanenbaum (via sa société Kilmer Venture Sports) rassurent, comme au RC Strasbourg, devenu en 2023 la propriété du consortium BlueCo. Ce qui n’empêche pas plusieurs clubs en difficulté financière, comme Le Havre, Dijon ou Montpellier, d’avoir mis en vente leur section féminine, sans trouver preneur pour le moment.