Un an après l’annonce d’une grande réforme des concours de l’enseignement pour tenter de répondre aux difficultés de recrutement de nouveaux professeurs, le décret qui prévoit le recrutement de professeurs du premier comme du second degré après une licence, à bac + 3, contre un master, bac + 5, actuellement, a été publié au Journal officiel, samedi 19 avril.
Emmanuel Macron avait présenté cette réforme l’an passé, avant qu’elle ne soit mise de côté ensuite en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale. Cette nouvelle organisation de la formation initiale des enseignants a finalement été relancée en mars par le premier ministre, François Bayrou, et la ministre de l’éducation nationale, Elisabeth Borne.
La réforme sera mise en œuvre dès l’année prochaine, avec un premier concours rénové au printemps 2026, accessible dès la fin de licence pour les futurs enseignants du premier degré (écoles maternelles et élémentaires) comme du second degré (collèges et lycées). Les deux concours (en fin de master 2 et en fin de licence) coexisteront dans un premier temps aux printemps 2026 et 2027, avant la disparition du concours en fin de master 2 en 2028.
Passage « en force » dénoncé par le SNES-FSU
« Ça a quand même, sur la forme, une furieuse allure de 49-3 éducatif », a réagi la secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay, sur Franceinfo, samedi. « On est quand même très perplexes face à cette réforme, d’autant plus que la ministre avance très vite et que quelque part elle passe aussi en force », a-t-elle poursuivi.
Selon la représentante syndicale, « le décret est publié alors même que les discussions avec les organisations syndicales ne sont pas terminées ». Des groupes de travail sur les différents aspects de la réforme – dont plusieurs points sont toujours contestés par une majorité des syndicats – ont en effet commencé début avril et sont prévus pour durer jusqu’à la fin du mois de mai.
Le principal reproche des représentants enseignants tient au calendrier extrêmement contraint dans lequel le ministère de l’éducation a décidé de faire passer cette réforme d’ampleur des concours de l’enseignement – la cinquième en trente ans et la deuxième sous la présidence d’Emmanuel Macron. Depuis l’annonce de la reprise de la réforme en mars par le gouvernement Bayrou, la quasi-totalité d’entre eux avait demandé au ministère de l’éducation de soumettre les projets de textes devant le conseil social d’administration du ministère, principale instance du dialogue social, ce qui n’a pas eu lieu.
Dans le détail, la réforme prévoit qu’une fois le concours en poche, les futurs enseignants suivront une formation professionnalisante en deux ans, en master 1 puis master 2, moyennant une rémunération. Ils deviendront élèves fonctionnaires en master 1 et toucheront 1 400 euros net. Avant de devenir fonctionnaires stagiaires en deuxième année de master, et de gagner 1 800 euros net, dans le premier comme dans le second degré.
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En contrepartie, ils devront s’engager à exercer le métier de professeur pendant une période de quatre ans. Par ailleurs, pour préparer le concours du premier degré, une licence spécifique de préparation au professorat des écoles sera mise en place à partir de la rentrée 2026.