Radio France connait une rentrée agitée : les programmes de plusieurs stations du groupe public, dont France Inter qui héberge la première matinale du pays, sont perturbés lundi 25 août au matin, après l’appel à une grève illimitée.
A partir de 7 heures, en lieu et place de la matinale présentée par Nicolas Demorand, désormais accompagné par Benjamin Duhamel après le départ de Léa Salamé pour le journal télévisé de 20 heures de France 2, les auditeurs de France Inter ont eu droit à une large plage musicale pendant près de 45 minutes, avant que les chroniques reprennent temporairement l’antenne.
Au micro, M. Demorand a expliqué que cet appel à la grève avait été lancé « contre la stratégie éditoriale et contre les réformes menées par la direction » de Radio France. Patrick Cohen a toutefois pu faire son éditorial politique. La romancière belge Amélie Nothomb a été interrogée par M. Duhamel, avant la chronique humoristique de Bertrand Chameroy, nouvelle recrue. Le programme musical a ensuite repris au lieu du journal de 8 heures.
La programmation était également perturbée sur France Culture par exemple, mais la matinale de FranceInfo se déroulait normalement. Sur Ici, les antennes locales, « nous ne sommes pas en mesure de diffuser tous les programmes », a fait savoir Ici sur son site internet.
Un rendez-vous prévu lundi
Ce préavis de grève illimitée a été déposé le 11 juillet par les syndicats CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA. Ils rejettent plusieurs réformes voulues par la patronne du groupe, Sibyle Veil. Parmi elles : l’arrêt de la radio Mouv’ sur la FM, des changements éditoriaux au sein d’Ici (anciennement France Bleu, le réseau des radios locales publiques) et l’arrêt d’émissions d’investigation et de reportage. Des discussions menées vendredi 22 août avec la direction n’ont pas abouti à la levée du préavis.
La direction du groupe a de son côté assuré samedi avoir « fait des propositions sur les différents sujets en cours de discussion, dans l’objectif d’une levée du préavis ». « Ceci n’ayant pas abouti ce jour, la direction se tient prête à la poursuite des négociations au plus vite : rendez-vous a été conjointement fixé lundi. Il y a, des deux côtés, une volonté de sortir de la situation au plus vite, dans l’intérêt des auditeurs », a-t-elle poursuivi.
Une première grève, très suivie, avait eu lieu du 26 au 29 juin. Elle avait immédiatement été suivie d’une deuxième, mais pour un motif différent. Il s’agissait de protester contre le projet de réforme de l’audiovisuel public porté par la ministre de la culture, Rachida Dati. Il prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l’Institt national de l’audiovisuel. Après avoir été adopté par le Sénat, où les débats ont été écourtés par le choix de la ministre d’employer l’arme constitutionnelle du vote bloqué, ce texte devrait revenir à l’Assemblée nationale à l’automne.
Selon les dernières mesures d’audience de Médiamétrie, publiées début juillet, Radio France a enregistré une saison 2024-2025 historique sur plusieurs antennes et France Inter a augmenté son avance comme première radio du pays.