Sur le grand plateau surplombé d’un écran diffusant des captations vidéo et où évoluent une dizaine de comédiens, elle apparaît à toutes les étapes de son élaboration, érigée sur son buste Stockman. Une merveille en satin doublé d’organza de soie, agrémentée d’un voile ancien restauré en dentelle d’Alençon et d’une traîne monumentale de 4 mètres, brodée de perles, de verre et de strass.
Durant presque trois heures de représentation, cette robe de mariée hors norme est au centre de Lacrima, la nouvelle pièce très documentée de Caroline Guiela Nguyen, programmée à Paris par l’Odéon – Théâtre de l’Europe jusqu’au 6 février (puis en tournée en France). Ce sont les ateliers du producteur, le Théâtre national de Strasbourg, que Caroline Guiela Nguyen dirige depuis 2023, qui ont assuré la fabrication des costumes.
Comme dans un compte à rebours, le spectateur suit les « huit mois et vingt-deux jours » de la confection de cette robe, jusqu’au mariage prévu le 6 juin 2025, à Londres, où elle doit éblouir l’auditoire, une fois revêtue par la princesse d’Angleterre à l’abbaye de Westminster. Surtout, le public découvre « l’histoire de celles et ceux qui ont touché l’ouvrage », comme le dit la future mariée en voix off au début de la pièce. Soit les employés d’une maison de couture fictive de la rue du Faubourg Saint-Honoré choisie pour la réaliser, son directeur artistique exalté, sa première d’atelier sur les nerfs, ses couturiers et modélistes évoluant dans un décor de portants, de rouleaux de tissu et de tables à repasser. Mais aussi les dentellières d’Alençon, en Normandie, et les brodeurs de Mumbai, en Inde, qui participent à l’ouvrage.
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