Les investigations dans le scandale de Notre-Dame-de-Bétharram semblent s’accélérer.
Deux des trois hommes interpellés dans le cadre de l’enquête sur les violences physiques et sexuelles ont été maintenus en garde à vue ce jeudi.
Un soulagement pour Olivier, dont une équipe de TF1 a recueilli le témoignage.
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Violences et abus sexuels au collège-lycée de Bétharram
Les gardes à vue ont été prolongées ce jeudi pour deux des trois hommes interpellés mercredi 19 février dans le cadre de l’enquête sur les violences physiques et sexuelles au sein de l’établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), a indiqué ce jeudi le parquet de Pau. Une petite victoire pour Olivier, 43 ans après les viols qu’il a subis. Car parmi les hommes entendus se trouvent son bourreau présumé. Cette avancée, il la savoure. Il attend maintenant qu’« ils puissent enfin répondre des actes qu’ils ont tous commis et pourquoi ils l’ont fait »s. « La roue tourne, enfin, il était temps », ajoute-t-il dans le reportage du 13H de TF1 visible en tête de cet article.
Pour ma grand-mère, j’étais un menteur.
Pour ma grand-mère, j’étais un menteur.
Olivier, une des victimes
En 1982, Olivier est pensionnaire de cet établissement catholique privé du Béarn. « J’avais 11 ans », lâche-t-il. Le JT de TF1 l’avait rencontré l’année dernière, à l’époque où il souhaitait rester anonyme. Désormais, il n’a plus honte de livrer son témoignage à visage découvert. « Je disais à ma grand-mère : ‘il y a un monsieur qui m’embrasse sur le zizi, il y a un monsieur qui m’embrasse de force’. Et pour ma grand-mère, j’étais un menteur, elle ne l’entendait pas », raconte-t-il. Comme Olivier, 132 personnes ont porté plainte pour des violences, agressions sexuelles et viols commis dans les dortoirs pendant des décennies.
Après un an d’enquête, le parquet de Pau a donc maintenu en garde à vue deux anciens surveillants. En revanche, il a mis un terme à celle d’un nonagénaire, sans en dire davantage à ce stade de la procédure. La justice a-t-elle accéléré la cadence face à la pression médiatique de ces deux dernières semaines ? Le procureur de la république de Pau, Rodolphe Jarry, s’en défend. « Il convient, à toutes fins utiles, de préciser que le calendrier de ces interpellations a été arrêté dès le 31 janvier 2025 », peut-on lire dans un communiqué.
Pourquoi ces trois gardes à vue alors que les victimes ont dénoncé ces derniers mois quatorze personnes, dix religieux et quatre laïcs ? D’abord parce que certains sont décédés et n’auront jamais à répondre à la justice, comme l’agresseur de Christophe. À la fin des années 70, il affirme avoir été violé par le père directeur de l’établissement. « Malheureusement, les plus graves sont décédés », dénonce-t-il. Pour les victimes, ces gardes à vue sont tout de même une première lueur d’espoir. Mais leurs agresseurs présumés seront-ils condamnés ? La plupart des faits dénoncés sont trop anciens. Seules quelques plaintes ne sont pas couvertes par la prescription.