Il est 18 heures, jeudi 20 mars. Vingt-cinq personnes se sont inscrites pour suivre le cours intitulé « Débrouille-toi » (« Sköt dig själv »), proposé gratuitement en ligne, par l’organisation de femmes Lotta. La trentaine, les deux formatrices commencent par donner quelques conseils pour reconnaître une situation d’urgence – le numéro à appeler, la fréquence radio à écouter. Puis, pendant plus de deux heures, elles détaillent la nourriture et le matériel à stocker chez soi, avant d’inciter à cultiver un bout de jardin ou de balcon, pour accroître l’autosuffisance alimentaire du pays, dépendant à 50 % des importations.
Les organisations de défense civile proposent des cours comme celui-là chaque semaine en Suède. Si l’éventualité d’un conflit armé y est rarement évoquée, elle plane dans tous les esprits. « La Suède n’est pas en guerre. Mais elle n’est pas en paix non plus », résumait le premier ministre conservateur, Ulf Kristersson, le 12 janvier. Aucun des 10 millions d’habitants du royaume ne peut l’ignorer. En novembre 2024, ils ont tous reçu, dans leur boîte aux lettres, une nouvelle édition du livret « En cas de crise ou de guerre », distribué par l’Agence de la protection civile, leur rappelant qu’ils doivent avoir de quoi manger, boire, se chauffer et se soigner, pendant une semaine, sans aucune aide extérieure.
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