L’annonce du gouvernement à Stockholm, le 4 novembre, a provoqué la stupéfaction. Sur 14 des projets de parcs éoliens offshore qui attendaient le feu vert de la coalition libérale conservatrice, soutenue par l’extrême droite, 13 sont retoqués. Raison invoquée : la défense du pays, dans un contexte de tension accrue avec la Russie. Mais, en Suède, beaucoup dénoncent un arbitrage « politique », qui risque de rebuter encore un peu plus les investisseurs et mettre en jeu la sécurité énergétique du royaume.
Entièrement décarbonée, la production d’électricité suédoise provient à 40 % des centrales hydrauliques, à 29 % du nucléaire, à 21 % de l’éolien essentiellement terrestre, à 8 % de l’énergie thermique et à 2 % du solaire. En mars, le gouvernement a estimé que le pays devrait produire 300 térawattheures (TWh) en 2045 (contre 160 TWh actuellement) pour couvrir la demande. Les 13 parcs auraient pu fournir 140 TWh d’électricité par an.
Mais au vu de « la situation sécuritaire grave que connaît actuellement la Suède, les intérêts de la défense doivent peser plus lourd dans la balance », a affirmé, le 4 novembre, le ministre de la défense, Pal Jonson. Selon lui, la présence de l’enclave russe « hautement militarisée » de Kaliningrad rend la mer Baltique particulièrement « problématique » pour la construction de parcs éoliens. Les forces armées suédoises craignent que les installations éoliennes fragilisent le système de défense du pays, en interférant avec les radars et les capteurs militaires.
Le jeu de Moscou
L’étendue du veto gouvernemental, cependant, fait polémique. « Je comprends tout à fait qu’il puisse y avoir des raisons liées à la sécurité, confie Lina Kinning, spécialiste de l’éolien offshore auprès de l’organisation Svensk Vindenergi. Mais le fait que la décision soit aussi catégorique et massive, alors que le gouvernement ne propose aucune alternative, est étonnant. Il est impossible de ne pas y voir une motivation politique, quand cette annonce intervient quelques semaines seulement avant la publication de deux enquêtes officielles ayant un impact sur l’éolien offshore. »
La première vise à évaluer le système dit de la « porte ouverte », en place en Suède, qui permet aux entreprises de faire librement des propositions que le gouvernement doit approuver. « Pour l’armée, qui se retrouve avec une multitude de projets, sans savoir lesquels seront réalisés, cela peut être gênant », reconnaît Mme Kinning. Son organisation plaide pour la mise en place d’un système d’enchères sur des zones spécifiquement désignées pour le développement de sites offshore.
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