« La Vie de cassos. Jeunes ruraux en survie », de Clément Reversé, Le Bord de l’eau, « Documents », 212 p., 18 €.
Camille, 23 ans, enchaîne les petits boulots. Bien que vivant à la campagne, où le logement paraît plus accessible, elle n’a pas les moyens ni, surtout, la stabilité nécessaires pour s’« envoler de chez papa et maman », malgré son désir de se « sentir plus libre et plus autonome ». Au moins ils sont là, « si jamais ». « Après c’est comme un cercle vicieux quoi », conclut-elle, presque étonnée de se retrouver dans ce piège doux, enveloppant, dont elle ne sait plus comment sortir.
La Vie de cassos, enquête pionnière du sociologue Clément Reversé, issue de sa thèse, peut se résumer comme un voyage à l’intérieur du cercle vicieux où se débat Camille, à l’image des autres jeunes gens – ils sont 100 au total, âgés pour la plupart d’une vingtaine d’années – que le maître de conférences à l’université Jean-Jaurès de Toulouse a rencontrés dans les zones rurales de trois départements de la région Nouvelle-Aquitaine.
Non que ces « enquêtés » vivent systématiquement chez leurs parents, même si le cas est fréquent. En revanche, ils partagent tous le sentiment d’être figés dans un temps suspendu. Ce qui les rassemble ? D’abord, un ensemble de traits objectifs : la naissance dans des milieux précaires ; l’absence de tout diplôme, y compris du niveau 3 de la nomenclature officielle (CAP-BEP) ; et, en conséquence, une « capacité d’action restreinte » sur le marché de l’emploi.
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