- Chaque année, on déplore environ 1.500 intoxications par les champignons dans l’Hexagone, et malheureusement, quelques décès.
- De nombreux cueilleurs font encore trop confiance aux applications qu’ils ont téléchargées sur leurs téléphones portables.
- Celles-ci ne remplaceront jamais le savoir des experts.
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Le 13H
Accompagnés de leur guide, ils s’enfoncent dans la forêt. Des élèves inscrits à l’école des champignons, une formation où l’on apprend à reconnaître ceux qui sont comestibles, s’exercent à observer minutieusement.
Alors que rien ne permet de distinguer si un champignon est toxique, il faut savoir les répertorier. « On est strié au niveau du haut du chapeau »,
montre notamment Roger Chaufray, président de l’association mycologique et botanique du Beaujolais, dans le reportage en tête de cet article, un champignon en main.
« Pouvoir cueillir et cuisiner, faire de A à Z… L’année dernière, j’ai fait ça, j’ai fait un poulet à la crème avec des trompettes de la mort. C’était excellent »,
se réjouit un élève.
« Rien ne remplacera mon nez, mes yeux, mes doigts »
Chaque année en France, on déplore environ 1.500 intoxications aux champignons et malheureusement quelques décès. « On l’oublie souvent, mais la plupart des champignons sont toxiques. Sur les 2 millions de champignons répertoriés, il y en a une cinquantaine qui sont comestibles »,
explique le guide. « Il y a des syndromes vraiment très dangereux, donc on a intérêt à les connaître »,
réagit une élève. Dans le doute, il vaut mieux s’abstenir de consommer un champignon ou se rendre chez son pharmacien.
Chaque week-end, en pleine période des champignons, Lydie Rullier, pharmacienne, reçoit des cueilleurs prudents. Et ses conseils sont précieux. « Il n’y avait rien de toxique, mais il y avait des choses immangeables et des choses au niveau culinaire pas très bonnes »,
illustre-t-elle après le passage d’un cueilleur.
Pour remplacer les pharmaciens, certains utilisent désormais des applications. Mais attention, même la plus performante aujourd’hui enregistre 4% d’erreurs. Il ne faut donc pas s’y fier les yeux fermés. « L’application peut se tromper. C’est trop important, la vie est en jeu. Et il n’y a rien qui remplacera mon nez, mes yeux, mes doigts pour reconnaître un champignon »,
explique Lydie.
« Ils attendent le nom du champignon pour réagir »
En cas d’intoxication sévère, ce sont les centres antipoison qui interviennent. Ils sont en lien avec une trentaine de référents en France, des experts, tous bénévoles comme Eric Michon. « Il y a une poussée de champignons, il y a une poussée d’emails »,
explique ce dernier, qui vient de recevoir un message du centre antipoison de Toulouse. « Pourriez-vous nous aider dans l’identification de ce champignon ? Trois convives… »,
explique ce dernier aux référents, qui sont joignables de jour comme de nuit, et doivent réagir vite quand ils reçoivent la photo du champignon incriminé. « Le pied est cabossé, donc c’est un pied qui est sûrement creux. Ah, Giroporus castaneus »,
s’exclame-t-il, précisant que la réponse précise permettra la prise en charge rapide et adaptée du patient. « Ils attendent de nous le nom du champignon pour pouvoir ensuite réagir, savoir s’ils gardent les personnes, savoir si c’est grave »,
détaille-t-il.
Dans cet exemple, les patients ont été sauvés, mais on déplore entre un et trois décès chaque année.
