Benoît est célibataire depuis 1 787 jours. « Encore deux jours et je prenais la Bastille », ironise-t-il devant les autres « cœurs brisés ». Pour la neuvième saison de cette télé-réalité diffusée par TFX, l’émission démarre comme à son habitude par « la cérémonie de la table ronde », où les candidats vont livrer un à un, autour d’un feu de camp, les raisons auxquelles ils attribuent leur célibat, leur enfance difficile et leur « problématique » en amour : « On m’abandonne toujours », « Je multiplie les conquêtes », « L’amour m’a anéanti », « Je suis toxique », etc.
Sur l’île de Lombok, en Indonésie, six filles et six garçons vont « renouer avec eux-mêmes pour, enfin, arriver à s’aimer », promet le générique. Pour cela, ils devront « se mettre à nu » face à la « love coach » Lucie Mariotti, ersatz cathodique de la fée des Lilas de Peau d’âne. Comment ? En parlant, notamment, à leur enfant intérieur. « Qu’est-ce qu’elle veut cette petite fille ? », demande la coach à une candidate en pleurs devant une photo d’elle à 6 ans. « De l’amour », répond la jeune femme. « Donne-le-lui. » Problème d’estime de soi réglé. Pourquoi s’embêter à faire dix ans d’analyse ?
Réunissant en moyenne 300 000 téléspectateurs par épisode, « La Villa des cœurs brisés » est un condensé de recettes qui ont fait leur preuve : une pincée de « Koh Lanta » (l’exotisme, l’isolement, le feu de camp), saupoudrée de « Pascal, le grand frère » (quoi de mieux que casser des briques pour évacuer sa colère) et des « Anges » et autres « Marseillais » (on se « positionne » sur un candidat pour faire couple et on se dispute l’être aimé entre filles, si possible). Quelques clashs, des baisers langoureux, des larmes de crocodile, des seins en silicone, des barbus tatoués et le tour est joué. S’ils trouvent l’amour parmi les autres candidats ou les prétendants qu’on leur présente, leur avenir est quasi assuré. Couple « goal » (star) est désormais un métier, sa mise en scène sur les réseaux, une source de revenus.
Tendance langue de vipère
Cette année encore, la majorité des candidats ne sont pas des inconnus mais des professionnels de la télé-réalité, qui excelle toujours autant dans le recyclage. Le monstre se nourrit de lui-même. Ainsi Vincent Queijo a démarré sa carrière, il y a douze ans, dans « Secret Story 7 ». C’est dans la « Villa », en 2019, qu’il rencontre Rym, alors star de télé-réalité en Espagne. Deux enfants plus tard, on les retrouve tout naturellement dans « Mamans & célèbres » (ou devant un risotto raté dans « Un dîner presque parfait »). Leur séparation difficile leur a apporté pas mal de nouveaux abonnés.
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