Il y a vingt ans, à La Réunion, l’épidémie généralisée de chikungunya de 2005-2006 a eu un impact médical, économique et social majeur, sans doute encore sous-évalué : 226 000 cas recensés, soit 40 % de la population, des dizaines de millions d’euros de coûts directs et indirects – pour 60 % les frais médicaux, pour 40 % ceux liés à l’absentéisme.
Aujourd’hui, La Réunion est à nouveau confrontée à une flambée de chikungunya : 27 000 cas confirmés et une circulation étendue sur toute l’île. Les autorités ont activé le stade 4 du dispositif Orsec [organisation de la réponse de sécurité civile], signalant une « épidémie de moyenne intensité », le pic étant attendu à la mi-avril. L’accélération actuelle peut évoquer la flambée de 2006, où les cas hebdomadaires ont bondi de milliers à des dizaines de milliers.
Santé publique France recense un nombre croissant de cas, culminant à 5 832 la semaine du 4 avril. Plus préoccupante encore, la transmission materno-fœtale a été signalée chez 14 nourrissons de moins de 3 mois. S’y ajoutent des formes graves et deux décès de personnes de plus de 65 ans.
Information et anticipation
Un récent Livre blanc, dont nous sommes coauteurs, Le Chikungunya : un exemple de sensibilisation de l’écosystème sur les risques liés aux maladies vectorielles, fruit d’une réflexion collective réunissant élus d’outre-mer, victimes de la grande épidémie de 2005-2006 et professionnels de santé, a fait la synthèse des réponses à mettre en œuvre dans ce type de situation.
L’information, d’abord, est essentielle. Elle doit viser tous les Réunionnais, qu’ils fassent partie des publics les plus exposés ou non, en particulier les femmes enceintes non vaccinées et les nouveau-nés et nourrissons de moins de 6 mois. Il s’agit de rappeler les gestes de prévention du quotidien – élimination des déchets et des eaux stagnantes, protection contre les piqûres, usage de moustiquaires – et de diffuser une information claire et accessible sur le vaccin, son efficacité et sa sécurité.
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