L’administration autonome kurde, qui contrôle de vastes territoires dans le nord et le nord-est de la Syrie, a contesté, dimanche 30 mars, la légitimité du nouveau gouvernement formé par la coalition islamiste ayant renversé Bachar Al-Assad à Damas.
« Le gouvernement annoncé (…) ressemble fortement à son prédécesseur, en ce qu’il ne tient toujours pas compte de la diversité syrienne », a estimé l’administration dans un communiqué, au lendemain de l’annonce de sa formation.
« Un gouvernement qui ne reflète pas la diversité et la pluralité du pays ne pourra pas assurer une gestion saine de la Syrie », a-t-elle ajouté. « Par conséquent, nous ne nous considérons pas concernés par l’application ou l’exécution des décisions émanant de ce gouvernement. »
Dans un discours, samedi, au cours de la cérémonie annonçant la composition du gouvernement, Ahmed Al-Charaa, qui a pris le pouvoir à la tête d’une coalition islamiste le 8 décembre 2024, a affirmé sa volonté d’« édifier un Etat fort et stable ».
Le cabinet de 23 ministres, majoritairement composé d’Arabes sunnites et dont les postes-clés ont été confiés à des proches de M. Al-Charaa, compte un seul ministre kurde, qui n’est pas issu des territoires contrôlés par l’administration autonome.
L’administration kurde a conclu mi-mars un accord avec le pouvoir de M. Al-Charaa pour intégrer ses institutions dans l’Etat, le nouveau pouvoir souhaitant compléter le processus d’unification du pays après plus de treize ans de guerre qui ont déchiré la Syrie.
Mais certains analystes craignent que cet accord ne reste lettre morte, les Kurdes, une minorité qui représente 15 % de la population, ayant déjà émis des critiques concernant la déclaration constitutionnelle, qui a accordé les pleins pouvoirs au président pour une période transitoire de cinq ans.