Après une purge historique dans les agences scientifiques de l’Etat, la mise sous tutelle politique des financements fédéraux de la recherche et les interférences dans le fonctionnement des universités, l’administration Trump s’attaque désormais à la littérature scientifique. Depuis fin avril, plusieurs revues savantes ont fait savoir qu’elles avaient reçu un courrier inquisiteur de la part du procureur fédéral du district de Columbia, Edward R. Martin, un fidèle du 47e président des Etats-Unis. La revue Environmental Health Perspectives (EHP) et le Journal of Health and Pollution (JHP), consacrés aux liens santé-environnement et publiés par le National Institute of Environmental Health Sciences (NIEHS) – un institut placé sous l’autorité de l’administration fédérale –, ont pour leur part annoncé le 23 avril avoir suspendu, jusqu’à nouvel ordre, la réception des articles de recherche et études qui leur sont soumis pour publication, « en raison de changements récents dans les moyens opérationnels » qui leur sont alloués.
La revue Obstetrics & Gynecology, publiée par une société savante basée aux Etats-Unis, est la dernière en date à avoir confirmé, dans la presse américaine, qu’elle a reçu le courrier de M. Martin. Les rédacteurs en chef de la revue Chest et du prestigieux New England Journal of Medicine (NEJM), l’un des journaux de recherche biomédicale les plus influents, ont également été récipiendaires de cette lettre. « Il a été porté à mon attention que de plus en plus de journaux et de publications comme [le vôtre] reconnaissent qu’ils sont partisans dans différents débats scientifiques, c’est-à-dire qu’ils prennent certaines positions en raison de publicité ou de financements, leur écrit M. Martin. Le public a certaines attentes et vous avez des responsabilités. »
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