Après une journée chaotique, l’aéroport londonien d’Heathrow, qui a été fermé une bonne partie de vendredi en raison d’une panne d’électricité causée par un incendie, est « ouvert et pleinement opérationnel », a annoncé un porte-parole samedi 22 mars au matin. Les passagers ont été appelés à « vérifier » auprès de leur compagnie aérienne les informations concernant leur vol. La fermeture de cet aéroport, l’un des plus fréquentés au monde, a engendré des perturbations dans le trafic aérien mondial.
Des avions avaient commencé à atterrir vendredi soir autour de 19 heures (20 heures, heure de Paris). L’aéroport avait dit plus tôt qu’il s’agissait « de vols de rapatriement » pour « les passagers qui ont été déroutés vers d’autres aéroports européens ». British Airways avait reçu l’autorisation de faire décoller huit vols long-courriers à partir de 19 heures, à destination de Singapour et de l’Afrique du Sud notamment. Les restrictions sur les vols de nuit avaient également été temporairement levées afin de décongestionner l’aéroport d’Heathrow.
Le directeur de l’aéroport, Thomas Woldbye, a appelé vendredi les passagers à venir « normalement » à l’aéroport à partir de samedi. Il a présenté ses excuses « aux nombreuses personnes dont les déplacements ont été perturbés ». « Nous sommes vraiment désolés pour tous les désagréments », a-t-il dit, rappelant que cet incident « majeur » était « sans précédent ».
Le directeur de la compagnie, Sean Doyle, a cependant prévenu d’un « impact énorme (…) dans les prochains jours » pour les passagers. Plus de 100 000 clients de British Airways ont été affectés par la fermeture de l’aéroport.
Heathrow, l’un des aéroports les plus fréquentés du monde, qui dessert 80 pays, a été fermé après une panne d’électricité provoquée par un incendie dans la nuit de jeudi à vendredi dans le poste de transformation électrique de Hayes, dans la banlieue ouest de Londres, qui dessert l’aéroport. L’incendie a été maîtrisé vendredi matin. Quelque 1 350 avions devaient initialement y atterrir ou en décoller vendredi, avec une capacité d’environ 290 000 passagers, et cette fermeture a entraîné des perturbations en chaîne dans le trafic aérien mondial, avec de nombreux vols supprimés ou reroutés.
Pas « de signe d’acte intentionnel »
« Il ne fait aucun doute que des questions se posent sur la façon dont [cet incident] s’est produit et sur les mesures à prendre pour éviter que les perturbations d’ampleur que nous avons constatées ne se reproduisent », a déclaré un porte-parole du premier ministre, Keir Starmer, précisant qu’une réunion interministérielle s’est tenue vendredi matin.
L’unité antiterroriste de la police londonienne a été saisie de l’enquête, a annoncé la Metropolitan Police à la mi-journée. « Etant donné la localisation de la sous-station [électrique] et les conséquences que cet incident a eues sur une infrastructure nationale essentielle, le commandement antiterroriste de la Met mène désormais l’enquête », explique un communiqué. Mais elle affirme n’avoir pas constaté à ce stade « de signe d’acte intentionnel ». L’incendie qui a provoqué la fermeture d’Heathrow « ne semble pas suspect », ont abondé les pompiers dans la soirée.
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Le directeur général de l’Association internationale du transport aérien (IATA), Willie Walsh, a relevé, de son côté, des « manquements » de l’aéroport de Heathrow. « Comment se fait-il qu’une infrastructure stratégique (…) soit totalement dépendante d’une seule source d’électricité sans alternative ? Si c’est le cas, comme cela semble l’être, c’est un manquement clair d’organisation de la part de l’aéroport », a déclaré sur X celui qui a aussi dirigé la compagnie aérienne britannique British Airways, ajoutant que l’incident soulevait « de graves questions ». Des experts chiffraient, vendredi, à plusieurs millions, voire à plusieurs dizaines de millions de livres, le coût de cet incident pour l’aéroport et les compagnies aériennes concernées.
Vols déroutés vers d’autres aéroports, dont Roissy
Les pompiers ont annoncé dans la matinée qu’ils avaient « maîtrisé avec succès l’incendie et empêché qu’il ne s’étende davantage », selon un de leurs porte-parole, Pat Goulbourne. « Nous resterons présents sur les lieux tout au long de la journée, afin d’aider [l’opérateur du réseau électrique] National Grid », a-t-il ajouté.
Le feu a touché « un transformateur contenant 25 000 litres d’huile de refroidissement », qui s’est enflammée, et a entraîné un « danger majeur du fait de la présence des équipements à haute tension », a détaillé Jonathan Smith, un porte-parole des pompiers. Les pompiers avaient fait état d’un « important » incendie, signalé jeudi soir, à la sous-station électrique de Hayes, dans la banlieue ouest de Londres, qui alimente l’aéroport.
Outre l’aéroport, « un grand nombre de foyers et d’entreprises locales » ont été affectés, a déclaré Pat Goulbourne. Au total, « 100 000 foyers ont été privés de courant », a rapporté le ministre Ed Miliband. Environ 5 000 foyers restaient sans électricité en fin de matinée, selon les pompiers.
Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré d’immenses flammes s’élevant de cette sous-station. D’autres semblent montrer l’intérieur de l’aéroport éclairé seulement par les signalisations de secours. Les pompiers ont demandé aux habitants de garder leurs fenêtres fermées en raison de l’important dégagement de fumée produit par l’incendie, incitant la population à éviter la zone.
Quelque 230 000 passagers par jour
L’aéroport de Gatwick, au sud de Londres, a accepté des vols détournés et de nombreux passagers dont les vols ont été annulés à Heathrow s’y sont aussi précipités pour tenter d’embarquer sur un autre vol. Francfort avait accueilli vendredi matin six vols à cause de la fermeture d’Heathrow, selon l’aéroport allemand.
Sept vols ont aussi été déroutés vers Roissy-Charles-de-Gaulle, en France. Les vols sont des long-courriers en provenance de Perth (Australie), Singapour pour deux d’entre eux, Kigali (Rwanda), Dubaï (Emirats arabes unis), Shanghaï (Chine) et Tel-Aviv (Israël). Sept avions de United Airlines ont aussi dû faire demi-tour ou être dirigés vers d’autres destinations, selon la compagnie américaine, dont les vols de vendredi pour Heathrow sont annulés. L’effet de cette fermeture s’est fait ressentir jusqu’en Asie avec de nombreux vols supprimés ou reroutés. Un vol de Korean Air, qui devait décoller d’Incheon (Corée du Sud) est, lui, annoncé avec vingt-deux heures de retard.
Construit en 1946, Heathrow est le plus important des six aéroports internationaux qui desservent la capitale britannique. Arrivé au bout de ses capacités, il a obtenu en janvier l’accord du gouvernement britannique pour la construction d’une troisième piste, après des années de recours intentés par des riverains. Celle-ci devrait être achevée d’ici à 2035.