Vue de France, la question surprendrait presque. « Qu’allons-nous faire avec autant d’argent ? », s’est inquiété au micro de la radio publique DLF Steffen Kampeter, ancien député de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), devenu directeur de la Fédération patronale allemande, mercredi 19 mars. Depuis que le probable futur chancelier, Friedrich Merz, a présenté sa réforme constitutionnelle destinée à débloquer le recours à l’emprunt pour réarmer l’Allemagne et lui permettre de se moderniser à grande vitesse, mardi 18 mars au Bundestag – une réforme qui doit être soumise au Bundesrat vendredi 21 mars –, une étrange crainte semble émerger des débats publics outre-Rhin : comment diable dépenser tous ces milliards ?
Les sommes en jeu sont, il est vrai, astronomiques. Friedrich Merz n’a pas donné de chiffrage global, préférant reprendre la célèbre formule salvatrice brandie par l’ancien banquier central Mario Draghi pendant la crise des subprimes, « whatever it takes » (« quoi qu’il en coûte »), c’est-à-dire « sans limite ». Les économistes allemands, eux, font des calculs, atteignant pour certains des montants démesurés – jusqu’à 1 700 milliards d’euros sur douze ans, selon le quotidien économique Handelsblatt, en incluant l’endettement à venir des régions, de l’Etat fédéral et le fonds spécial de 500 milliards d’euros consacré aux infrastructures. Des zéros qui ont de quoi faire tourner la tête dans un pays ayant érigé la rigueur budgétaire en vertu cardinale. « C’est un gigantesque paquet d’incertitudes », répète, comme sonnée, l’économiste Veronika Grimm, membre du conseil des experts économiques du gouvernement, le jugeant « totalement exagéré ».
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