Les autorités allemandes ont confirmé, vendredi 23 août, avoir ouvert une enquête après que plusieurs drones inconnus ont été aperçus au-dessus d’un site industriel sensible à Brunsbüttel (Schleswig-Holstein), à moins de 100 kilomètres de Hambourg. Les appareils ont survolé, dans la nuit de jeudi à vendredi, une zone industrielle chimique et gazière considérée comme critique pour la sécurité énergétique du pays.
La menace est d’autant plus préoccupante qu’elle semble récurrente : plusieurs vols du même type ont été enregistrés ces deux dernières semaines au même endroit, avec des incursions qui sont allées jusqu’à cinq appareils par nuit, a précisé la police. Le parquet de Flensburg (nord) a déclaré, vendredi matin, que l’enquête portait sur une « suspicion d’activité d’agent à des fins de sabotage » contre des infrastructures critiques, sans plus de détail. La piste d’une opération russe est sérieusement envisagée par les services de renseignement. Selon le journal Bild, les engins pourraient avoir décollé depuis des navires civils en mer du Nord, pilotés par des agents russes.
Brunsbüttel est une cible aussi stratégique que symbolique. La petite ville à l’embouchure de l’Elbe est célèbre pour son terminal de gaz naturel liquéfié (GNL), qui a été raccordé au réseau début 2023. Le site accueille un des trois terminaux flottants actuellement en fonctionnement outre-Rhin, commandés à la hâte par Berlin après le déclenchement de la guerre en Ukraine, en février 2022. Ces gigantesques bateaux, qui servent d’unité de stockage et de regazéification du GNL, ont permis à l’Allemagne de substituer partiellement ses livraisons de gaz russe par des importations de GNL venues surtout des Etats-Unis.
Pendant des années, Berlin avait refusé de s’équiper de terminaux de ce type, tablant sur la sécurité des approvisionnements russes par pipeline, plus économiques. Selon les plans du gouvernement allemand, cinq unités flottantes doivent à terme être raccordées au réseau. A Brunsbüttel, le site énergétique, qui comprend également des installations chimiques, est interdit de survol.
Des attaques « clairement organisées »
Les incursions répétées de ces dernières semaines au-dessus du site confirment que l’Allemagne est particulièrement vulnérable aux attaques de ce genre. Aucune des mesures prises par la police jusque-là n’a permis de mettre fin à ces survols de drones, au point que l’armée allemande a été mise à contribution. Le ministère de la défense s’est doté depuis quelques mois d’une force de frappe spécialisée dans les drones, après avoir constaté de multiples survols illégaux au-dessus des sites d’entraînement de la Bundeswehr. Cela s’est notamment produit à la base de Klietz, dans l’est du pays, où des soldats ukrainiens s’entraînent au maniement des chars Leopard.
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