« C’est un trou de verdure où chante une rivière… » Mille kilomètres et l’ensemble de la France peuvent bien séparer les Ardennes, décor du plus célèbre poème d’Arthur Rimbaud, de Moulis, petite commune de l’Ariège baignée par le Lez, le vers semble avoir été écrit pour ce village pyrénéen. Toute la strophe, du reste. Les haillons d’argent accrochés aux herbes, la montagne fière luisant sous le timide soleil hivernal. Enfin, il y a le fracas du monde, qui vient troubler cette nature idyllique. Pas à proprement parler la guerre et ses balles meurtrières, comme dans Le Dormeur du val. Mais la bataille d’une génération, le combat contre le changement climatique.
Ici, le CNRS a installé sa station d’écologie théorique et expérimentale. Dix-huit chercheurs permanents, souvent internationalement reconnus, et autant d’ingénieurs de recherche. En y ajoutant les thésards, postdoctorants et techniciens, quelque 70 personnes attachées à décrypter les enjeux écologiques actuels, des micro-organismes aux vertébrés, scrutés sous toutes les coutures et à toutes les échelles, de l’individu à l’écosystème. « Un outil unique, un cadre enchanteur, des collègues exceptionnels : pour moi, c’est presque inespéré », confie Camille Parmesan, directrice des lieux depuis deux ans.
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