L’ancien vice-président de la Fédération française de tennis (FFT), Jean-Pierre Dartevelle, a été condamné, jeudi 13 février, à dix ans de réclusion par la cour criminelle du Doubs, reconnu coupable de viols sur une ancienne joueuse de près de cinquante ans sa cadette. La victime était âgée de 17 à 19 ans au moment des faits qui se sont déroulés entre septembre 2016 et mars 2018.
La peine prononcée est conforme à celle requise plus tôt dans la soirée par l’avocat général, François Prélot, comme la mesure complémentaire d’interdiction d’exercer une activité en lien avec les mineurs.
Jean-Pierre Dartevelle, 74 ans, encourait quinze ans de réclusion criminelle.
« La partie civile que je représente et que j’assiste est reconnue dans son statut de victime et c’est pour elle l’essentiel, a réagi l’avocat de la jeune femme, Benjamin Liautaud. Aujourd’hui, en ce qui concerne ma cliente, la contrainte morale a été reconnue et sanctionnée. »
A l’audience, le représentant du ministère public avait regretté qu’au cours des trois jours de procès, l’accusé n’ait « pas bougé d’un iota dans ses déclarations », alors que les parents de la victime, âgée de 25 ans désormais, « attendaient des aveux, des regrets, des excuses ».
« Elle ment, elle ment, elle ment », avait lancé l’accusé, désignant l’ancienne joueuse de tennis. « Depuis trois jours d’audience, je ne sais plus qui je suis. Un manipulateur ? Un monstre ? », avait-il ajouté, disant s’insurger « contre la réécriture de notre histoire » par la jeune femme.
« Le verdict était écrit, c’était acté, et de toutes les façons, il n’y a pas eu de place une seconde pour que Jean-Pierre Dartevelle s’exprime » durant ces trois jours de procès, a estimé son avocate, Marie-Alix Canu-Bernard, après l’énoncé du délibéré. Elle a également annoncé qu’un appel sera déposé « dès demain [vendredi] matin ».
« Emprise »
Tout au long du procès, les versions de la partie civile et de la défense se sont opposées. Le septuagénaire avait dépeint une « histoire d’amour magnifique » avec son accusatrice. « Jamais je n’ai vu un regard de crainte chez elle. Je n’ai vu que de la tendresse. Et si seulement elle avait montré une réticence, j’aurais mis fin à cette relation », a assuré jeudi l’accusé.
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La jeune femme avait, elle, dénoncé des viols en 2018, décrivant une relation « contrainte » et expliquant être victime de « l’emprise » de cet homme très lié à ses parents dans le milieu du tennis. Elle a aussi dit avoir « essayé de trouver des solutions pour [se] sortir de cette emprise qu’il avait sur » elle. « J’ai développé une peur énorme à [son] égard (…). Je n’arrivais pas à trouver une porte de sortie ou je n’ai pas eu le courage de le faire, j’avais trop honte. »
Les dix-huit mois de la relation correspondent à une période où la joueuse de tennis faisait face à de multiples blessures. Elle avait été opérée des jambes, mais des douleurs perduraient et son état de santé s’était dégradé, passant par des phases d’anorexie, de boulimie et de dépression. Elle avait tenté de mettre fin à ses jours, voyant ses espoirs de carrière tennistique s’envoler.
« Nous avions échangé sur les réseaux sociaux, et j’ai accepté une rencontre car M. Dartevelle avait promis de m’aider, et là, j’ai subi un premier viol », a-t-elle expliqué.
Lorsqu’il a admis avoir « demandé à la victime la première photo d’elle dénudée », la présidente a demandé à l’accusé si c’était « admis au sein de la ligue ? » « A priori non », a-t-il répondu, arguant que « derrière le président de la ligue [de Bourgogne-Franche-Comté], il y a un homme ». « Je me suis laissé emporter par cet amour à tel point que j’ai pris un risque sur ma carrière sportive [il était candidat à la présidence de la FFT], eh bien je l’ai fait quand même… », a-t-il ajouté.