- À l’ère de la communication numérique et de l’hyperconnexion, attendre une réponse à un message à de quoi rendre fou.
- Le silence et l’attente peuvent un supplice, notamment pour les personnes qui souffrent déjà de troubles anxieux chroniques.
- Comment surmonter cette anxiété des « trois petits points » ?
Qui n’est pas passé par toutes les émotions en envoyant un message à son crush, voir les trois petits points clignoter brièvement et puis plus rien. Pas de réponse. Pour certains, la non-réponse est une réponse en soi. Pour d’autres, l’attente suscitée et le silence numérique créent des montagnes russes dignes des parcs Six Flags : on pense « il m’aime, un peu, beaucoup, à la folie » puis « pas du tout »
. Et rebelote lorsqu’une réponse arrive, au bout de plusieurs heures. Une étude réalisée par Viber révèle que pour 31% des personnes, les SMS sont une source importante d’anxiété quotidienne. Selon une autre étude réalisée par le cabinet Occurrence en 2019, deux personnes sur dix déclarent souffrir de la non-réponse. Cette dernière peut faire douter et peut même faire vaciller les plus fragiles d’entre nous. Pourquoi ? Parce qu’à l’ère du digital et du numérique, tout le monde communique avec son téléphone par SMS ou par WhatsApp. Nous avons tous un téléphone et l’impression que chacun est toujours à la disposition de l’autre. « Les SMS permettent une communication immédiate, un contact immédiat avec ses proches et une gratification immédiate, mais cela implique aussi le sentiment que les résultats doivent être immédiats
« , développe le psychologue Loren Soeiro à Psychology Today.
En mode « overthinking »
Recevoir un SMS positif active « le noyau accumbens, centre des sensations, des plaisirs et du bien-être
« , explique Marie-Pierre Fourquet-Courbet, professeure en Sciences de l’information et de la communication à Madame Figaro, à l’inverse, la non-réponse et le silence réveilleraient la peur du rejet, de l’abandon ou de ne pas être aimé. La réponse qui n’arrive pas assez vite crée une attente et un vide et, parfois, le cerveau ne sait pas comment réagir à l’ambiguïté : l’imagination s’empare alors de cet espace, le remplit de scénarios plus ou moins faux. La roue de l’overthinking se met en place, les pensées négatives et les ruminations se mettent en ordre de marche. L’attente, l’incertitude et l’ambiguïté nourrissent l’anxiété. « Être incertain quant à l’avenir signifie perdre un peu de contrôle sur le résultat de ce que l’on vient d’entreprendre, ce qui n’est agréable pour personne, mais est particulièrement difficile pour les personnes souffrant de troubles anxieux chroniques
« , souligne Loren Soeiro.
S’occuper l’esprit et passer à autre chose
Pour éviter d’ajouter de l’eau au moulin des ruminations, le psychologue rappelle l’importance de prendre du recul : « Si vous commencez à remarquer la façon dont vos pensées peuvent s’emballer en attendant une réponse, vous remarquerez peut-être aussi que ce processus coïncide avec l’accumulation de sentiments anxieux
« . Dès lors que l’on en prend conscience, il est possible de travailler dessus. Comment ? « Rappelez-vous qu’il existe de nombreuses explications possibles à un retard de réponse par SMS
« . Souvent, le résultat que l’on craint le plus n’est généralement pas le plus probable (c’est ce que nous apprend le rasoir d’Ockham). Le psychologue propose également de s’accorder un « court instant pour réfléchir à la situation
» puis de passer à autre chose, comme s’adonner à une activité qui nous plaît, faire de l’exercice, jouer à des jeux, bref, s’occuper l’esprit. Et si la réponse n’arrive toujours pas, il conseille d’envoyer « un nouveau SMS, une fois votre niveau d’activation émotionnelle diminué
« . En revanche, si votre crush ne répond pas après une semaine, il est peu probable que ce dernier se soit fait kidnapper par des extraterrestres, mais que ce soit du ghosting. Dans ce cas, il vaut mieux passer à autre chose, se recentrer sur soi-même et se rappeler que l’autre ne vous respecte pas et donc ne mérite pas des nœuds au cerveau.