Diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo met en scène un homme paniqué, arrêté au terme d’une course-poursuite par deux militaires encagoulés. « N’attendez pas le dernier moment », incite le clip, qui se poursuit par une séquence où l’on voit le même homme, assis devant un café, résolu à trouver sur Internet une unité où s’engager. « Choisissez maintenant ! » Cynique, absurde – la bande-son est la chanson Strangers in the Night, de Frank Sinatra –, cette publicité pour le recrutement d’une unité ukrainienne a un message clair : plutôt que d’attendre d’être envoyé de force dans l’armée, mieux vaut prendre de l’avance et s’engager.
De telles publicités poussant au recrutement se sont normalisées dans le pays, jusqu’à, peu à peu, recouvrir les panneaux des villes et des autoroutes. Les unités ukrainiennes rivalisent d’inventivité pour créer des codes visuels distinctifs et mettre en avant leurs atouts supposés : des entraînements de qualité, la possibilité de choisir sa profession dans l’armée, un esprit de famille… Certaines affiches montrent des soldats aux visages endurcis, d’autres de simples slogans. « Maman, je suis chez Azov », est-il écrit en lettres énormes sur une publicité de la fameuse brigade montrant un soldat sourire aux lèvres. De plus en plus d’unités possèdent désormais leurs propres centres de recrutement.
Cette promotion accrue de l’armée répond aux besoins indispensables du pays en matière de nouvelles recrues, une question extrêmement sensible. Depuis le printemps 2024, l’Ukraine n’a cessé d’innover en matière de mobilisation. Un paquet de lois imposant des sanctions supplémentaires aux réfractaires (des amendes, la perte du permis de conduire…) a été approuvé au printemps 2024, avec l’obligation pour tous les hommes de 18 à 60 ans d’enregistrer leurs données militaires ; l’âge légal pour être mobilisé est passé de 27 à 25 ans ; certaines catégories de détenus sont autorisées à s’engager depuis l’été 2024… Mercredi 4 juin, les députés ukrainiens ont aussi soutenu en première lecture un projet de loi qui autoriserait les citoyens volontaires âgés de plus de 60 ans à servir leur pays sous contrat, pour une durée d’un an.
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