En trente ans d’études des serpents, Scott Boback croyait avoir appris à bien les connaître. A évacuer les clichés qui, depuis une sale histoire de pomme, en font des créatures dangereuses, sournoises, brutales. A se laisser surprendre par leur finesse et la variété de leurs ressources. Mais quand il a découvert les photos prises sur la « butte des crotales », le professeur de biologie du Dickinson College, en Pennsylvanie, reconnaît avoir eu du mal à y croire.
Lui et sa collègue Emily Taylor, de l’université d’Etat polytechnique de Californie, avaient équipé ce site particulièrement aride du Colorado d’appareils photo à déclenchement automatique. Et là, en observant les clichés nocturnes, il est resté en arrêt. « Une petite pluie venait de commencer à tomber, ce qui est exceptionnel car en dehors de la neige en hiver, on enregistre ici moins de 5 mm d’eau par an. On voyait les serpents sortir de leur grotte, prendre des positions inconnues et apparemment boire sur leur propre corps. Je les ai montrés à Emily, elle s’est mise à crier. On était comme deux gosses. On a évidemment décidé d’aller plus loin. » Les résultats de la recherche qui s’est ensuivie ont été publiés le 11 novembre 2024 dans la revue Current Zoology. Ils sont spectaculaires, comme les photos et vidéos rendues publiques par les chercheurs.
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