L’Assemblée nationale a adopté, jeudi 23 janvier, une proposition de loi portée par les socialistes visant à lutter contre la vie chère en outre-mer, première victoire pour les élus du Parti socialiste (PS) qui espèrent faire voter dans la journée plusieurs autres initiatives « concrètes » présentées dans leur niche parlementaire. Ce premier texte a été adopté par 180 voix « pour » (celles de la gauche et du Rassemblement national) et une seule « contre », les élus de la droite et du centre s’étant abstenus.
La proposition présentée par la députée socialiste de Martinique, Béatrice Bellay, vise à faciliter le plafonnement par l’Etat du prix d’un panier de biens de première nécessité – pour le ramener au niveau constaté en métropole –, à lutter contre les monopoles et les oligopoles et à contrer la toute-puissance de la grande distribution.
Les députés du socle commun ont cependant préféré s’abstenir : aligner les prix sur ceux pratiqués dans l’Hexagone est « irréalisable et inapplicable », c’est de l’« affichage », a déploré Maud Petit (MoDem). « On va empêcher les nouveaux investisseurs d’arriver dans nos territoires et de faire fonctionner la concurrence », s’est inquiété Nicolas Metzdorf, élu macroniste de Nouvelle-Calédonie.
Le ministre chargé des outre-mer, Manuel Valls, a reconnu que les écarts de prix d’au moins 30 % entre la métropole et les outre-mer posent un « défi à la cohésion sociale ». Mais le gouvernement, au nom de la « liberté d’entreprendre », a tenté de s’opposer à une disposition interdisant aux grands groupes de distribution de détenir plus de 25 % de parts de marché. En vain : les députés ont maintenu cet article. Pour finir, M. Valls a néanmoins « salué » l’adoption du texte, « un premier pas nécessaire », selon lui.
« Position constructive » des députés macronistes
Après cette première victoire, le groupe PS a enchaîné en soumettant aux débats un texte, déjà adopté au Sénat début 2023, qui propose d’instaurer progressivement dans les hôpitaux des ratios pour garantir un nombre minimal de soignants par patient. Au total, lors de ce créneau réservé, les socialistes espèrent faire adopter avant minuit cinq propositions « concrètes, du quotidien » et montrer ainsi qu’ils peuvent « arracher des victoires » en « construisant des majorités ».
Après avoir renoncé la semaine dernière à censurer le gouvernement Bayrou – dont ils espèrent encore obtenir des concessions sur le budget –, les élus PS entendent marquer des points. Le chef du groupe, Boris Vallaud, n’a pas caché attendre « sur certains textes, un soutien » de la part du gouvernement et des élus du centre et de la droite. Les députés macronistes auront une « position constructive » face à ces propositions « assez consensuelles », a promis l’un des leurs, Pierre Cazeneuve. Tout en soulignant qu’il ne fallait pas y voir un « effet conjoncturel » – comprendre, lié à la récente décision des socialistes de ne pas censurer l’exécutif – car les députés de son groupe ont « toujours » eu une telle attitude lors des niches réservées aux partis de l’« arc républicain », selon lui.
Quant aux élus du Rassemblement national (RN), ils voteront « comme d’habitude ce qui va dans le bon sens, celui de l’intérêt de la France et des Français », a déclaré à l’Agence France-Presse une source au sein du groupe.
Repas à 1 euro et pannes d’ascenseur
Parmi les propositions socialistes inscrites à l’agenda ce jeudi, figurent encore l’instauration d’un « repas à 1 euro » pour tous les étudiants – un précédent vote, sur le même sujet, avait échoué à une voix près début 2023, malgré le soutien de la gauche et du RN –, ou encore un dispositif de lutte contre les pannes d’ascenseurs.
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Le PS prévoit d’obliger les sociétés gérant ces équipements à intervenir dans les deux jours ouvrés et à constituer des stocks suffisants de pièces détachées pour réparer au plus vite et éviter ainsi que les pannes se prolongent et tournent au « calvaire » pour les habitants d’immeubles hauts.
Avant minuit, les élus socialistes espèrent encore faire adopter une proposition pour lutter contre la « financiarisation » des crèches, dont les dérives ont récemment été dénoncées dans Les Ogres, un livre-enquête du journaliste Victor Castanet. Le texte prévoit d’interdire aux fonds d’investissement d’intervenir dans ce secteur.