La dernière « affaire » mettant en jeu La France insoumise (LFI) et son leader Jean-Luc Mélenchon, l’affiche antisémite contre l’animateur Cyril Hanouna, retirée par le mouvement politique le 12 mars, scandalise à juste titre. La Ligue des droits de l’homme, le Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes et d’autres associations ont dénoncé l’antisémitisme patent du visuel de LFI. Certains cadres du mouvement se sont excusés, avec des explications pas toujours claires.
Jean-Luc Mélenchon, lui, persiste. En meeting mercredi 19 mars à Brest, il livre une version hallucinante : tout viendrait des journalistes, qui posséderaient chez eux des affiches des années 1930 et 1940. Mais, dit-il, « nous, on n’a pas ces affiches, on n’est pas au courant, on sait pas ! » Il ne saurait donc pas ce que fut l’antisémitisme de ces temps où les juifs étaient désignés à la vindicte publique avant d’être envoyés à Auschwitz. Soit il ignore les caricatures antijuives du passé, ce que personne ne peut croire, soit il considère qu’il n’est pas interdit de reprendre l’imaginaire antisémite. C’est grave.
Mais l’affiche de Cyril Hanouna ne tombe pas du ciel. C’est le résultat d’un quart de siècle d’erreurs, mais aussi de dérives, d’une partie de la gauche qui se montre incapable de comprendre le retour de l’antisémitisme et sa gravité. L’appréciation récente de Jean-Luc Mélenchon selon laquelle l’antisémitisme est « résiduel » dans la France d’aujourd’hui [publiée sur son blog personnel le 2 juin 2024] est le symbole de cette myopie.
Israël serait pire que le nazisme
Le leader « insoumis », promu figure de proue de la gauche par les scrutins présidentiels, ne s’en est pas tenu à l’indifférence, alors que les juifs et juives de France sont effrayés par le retour d’une haine encore si présente dans leurs mémoires. Depuis quelques années, il s’est mis à distiller des formules antisémites. Il serait trop long de les énumérer. N’en retenons qu’une, en juillet 2020, où, évoquant Jésus-Christ, il exprima l’idée que « ce sont ses propres compatriotes qui l’ont mis [sur la croix] ». Autrement dit : « les juifs ont tué le Christ », formule qui concentra durant des siècles l’antisémitisme chrétien et fit tant de victimes.
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