Le gouvernement allemand se préparait à une rentrée difficile sur le front budgétaire. Après l’attentat terroriste qui a fait trois morts et huit blessés à Solingen, vendredi 23 août, au cours d’un festival, le voici rattrapé par le défi sécuritaire. A une semaine de deux élections régionales où le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) a des chances d’arriver en tête des suffrages exprimés, les questions soulevées par cette attaque meurtrière sont d’autant plus délicates pour la coalition du chancelier Olaf Scholz que les trois partis qui la composent ne sont pas d’accord sur la façon d’y répondre.
S’agissant de l’auteur présumé de l’attentat, qui s’est rendu à la police un peu plus de vingt-quatre heures après les faits, on sait qu’il se nomme Issa Al-H., qu’il a la nationalité syrienne, qu’il est âgé de 26 ans et qu’il réside depuis 2022 outre-Rhin. L’organisation Etat islamique a revendiqué l’attentat sans que l’on sache si Issa Al-H. est lié à cette organisation ou non. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, il était cependant en situation illégale en Allemagne, où sa demande d’asile avait été rejetée et d’où il aurait dû être expulsé vers la Bulgarie, pays de l’Union européenne où son arrivée avait été enregistrée et où il aurait dû déposer sa demande d’asile, en vertu des règles communautaires.
Non seulement les autorités allemandes ne l’auraient pas interpellé, mais, selon le Spiegel, elles auraient même décidé de le mettre sous « protection subsidiaire », un statut donné aux personnes capables de prouver qu’elles sont menacées dans leur pays à cause d’un conflit armé.
Apprenant cela, Friedrich Merz, le président de l’Union chrétienne-démocrate (CDU), principale force d’opposition, a vertement réagi, appelant le gouvernement à ne « plus accueillir de réfugiés » venant de « Syrie et d’Afghanistan ». Cette demande a également été formulée par le parti d’extrême droite AfD dont le mouvement de jeunesse, la Junge Alternative, a appelé à manifester, dimanche 25 août, à Solingen, sous le mot d’ordre « la remigration sauve des vies ». Un slogan qui fait explicitement écho au projet discuté lors d’une réunion secrète à Potsdam, près de Berlin, où plusieurs figures de l’extrême droite allemande et autrichienne se sont retrouvées, fin 2023, pour discuter d’un plan de « remigration » visant à expulser vers l’Afrique du Nord des millions d’immigrés et de citoyens allemands d’origine étrangère. Un « plan secret » dont la divulgation, en janvier, par le site d’investigation Correctiv, a fait descendre dans la rue plus de 4 millions d’Allemands, révoltés par un tel projet.
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