Revenu dans son fief du Puy-en-Velay, Laurent Wauquiez a tenté, samedi 29 mars, de renverser la vapeur, à un mois et demi du congrès de son parti, Les Républicains (LR). Dans un entretien à l’Agence France-Presse (AFP) après un meeting en Haute-Loire, M. Wauquiez, boudé par la majorité des ténors du parti et devancé dans les sondages, s’est dit convaincu qu’il allait remporter la présidence de LR, la tendance étant « en train de s’inverser », selon lui.
A sept semaines du congrès des 17 et 18 mai, qui doit désigner le nouveau patron du parti, le député, accompagné de sa mère, de sa femme et de son fils, était samedi dans son fief pour puiser « l’énergie pour la suite » auprès de quelque 500 sympathisants. « Cela me fait du bien de revenir ici », a-t-il confié à l’AFP, après un meeting où il s’est félicité de « la forte hausse » du nombre d’adhérents dans le département, passé, selon lui, de « 200 à 1 400 » depuis la mi-février. Il espère atteindre « 2 000 adhésions » dans les prochaines semaines.
Le vote pour désigner le nouveau patron de LR, après le départ fracassant d’Eric Ciotti, rallié au Rassemblement national, est ouvert aux adhérents qui auront pris leur carte avant le 17 avril. D’ici là, M. Wauquiez, qui entend avoir effectué un total de 120 déplacements pendant la campagne pour aller à la rencontre des militants au rythme d’un minimum de sept meetings par semaine, multiplie les rencontres, présentées comme « le meilleur côté de la politique avec une forme de vérité et de simplicité, sans calcul ou arrière-pensée ».
Décrit par un soutien du ministre de l’intérieur et concurrent de M. Wauquiez à la présidence de LR, Bruno Retailleau, comme quelqu’un qui « refuse habituellement l’obstacle » et par une autre source proche du ministre comme un homme politique qui « se défile dès qu’il y a quelqu’un de fort en face », le député de Haute-Loire ne s’avoue pas vaincu. « Là où il ne faut absolument pas se tromper, c’est que je suis sûr que je vais gagner », a-t-il assuré. « Je ne suis pas du tout dans l’idée où je me dis que je suis au fond du trou et que je viens me remonter le moral au Puy-en-Velay. Je suis, au contraire, dans un tempérament de conquérant. »
« Un scénario Balladur-Chirac »
« Je suis convaincu que l’on est dans une trajectoire où les choses sont en train de se retourner », affirme encore le patron des députés LR. Au début de la campagne, lorsque M. Retailleau lui a brûlé la politesse en annonçant sa candidature avant lui, il admet « qu’il y a eu une gigantesque vague ». « Mais les choses sont en train de s’inverser jour après jour », affirme-t-il, n’hésitant pas à pronostiquer « un scénario Balladur-Chirac » comme en 1995, qui, finalement, lui sera favorable.
« Petit à petit, les gens sont en train de comprendre que Bruno Retailleau n’a pas le temps de faire campagne et qu’il n’aura pas le temps de s’occuper ensuite du parti », a-t-il lancé. Son adversaire a engrangé les soutiens de quasi tous les ténors nationaux des Républicains – dont, dernier en date, l’ancien premier ministre, Michel Barnier – et a pris énormément la lumière depuis son arrivée Place Beauvau, en septembre, enregistrant d’importants gains dans l’opinion.
« Le message de Bruno Retailleau, c’est : “Je suis le meilleur dans les sondages, mettez-moi à la tête du parti.” Mais ce n’est pas ce que veulent les Français. Ils veulent qu’il fasse son job de ministre de l’intérieur, et nos adhérents, eux, veulent quelqu’un qui s’occupe d’eux », a encore lancé Laurent Wauquiez.
Interrogé sur les propos de l’un de ses soutiens, qui estime que le fait « d’être challengé » par le ministre de l’intérieur « lui a fait du bien », M. Wauquiez admet qu’il a été obligé de « percer l’armure, [de] sortir d’un aspect un peu mécanique qu[’il] pouvai[t] avoir dans [s]es interventions avec les médias ». « Quelque part, ça m’aide à dévoiler une partie de moi-même qui est différente, que je ne suis pas qu’une machine à délivrer des éléments de langage », confie-t-il.