Le projet fou de l’Australien Mike Cannon-Brookes, milliardaire de la tech et militant écologiste, va-t-il finalement voir le jour ? Il a en tout cas franchi une étape déterminante. Mercredi 21 août, le gouvernement australien a donné son feu vert à l’entreprise SunCable, financée par l’entrepreneur, pour construire la plus grande centrale solaire du monde dans le Territoire du Nord. Celle-ci devrait être visible de l’espace et, à terme, alimenter Singapour en électricité grâce à un câble sous-marin de 4 300 kilomètres de long.
Les milliers de panneaux solaires qui constitueront cette gigantesque ferme solaire s’étendront sur 12 400 hectares, dans le cœur rouge et aride de l’île continent, à mi-chemin entre Alice Springs et la ville portuaire de Darwin.
Dans un premier temps, l’infrastructure, qui intégrera également des batteries pouvant stocker jusqu’à 40 gigawatts (GW) d’énergie, fournira 4 GW/h qui alimenteront, grâce à une ligne de transmission à haute tension aérienne de 800 kilomètres, trois millions d’Australiens, dont les habitants de Darwin. Dans un second temps, elle devrait produire 2 GW supplémentaires, destinés à couvrir 15 % des besoins de la cité-Etat de Singapour. Le coût total de cette initiative est estimé à 30 milliards de dollars australiens (soit 21,2 milliards d’euros).
Zones peu accessibles
« Bien que je reconnaisse que certaines personnes pensent que c’est trop ambitieux, nous ne le croyons pas, avait déclaré, en septembre 2023, Mike Cannon-Brookes, le cofondateur et PDG de l’éditeur de logiciels Atlassian. Franchement, la technologie existe pour rendre cela possible. Nous sommes extrêmement confiants dans le fait que la technologie moderne des câbles peut transporter de manière fiable plus d’électricité sur de longues distances. »
Si la première étape ne devrait pas poser de difficultés techniques particulières, la deuxième s’annonce plus complexe. Non seulement la ligne de transmission sous-marine qui doit relier Darwin à Singapour sera la plus longue, de ce type, jamais installée, mais elle traversera aussi des zones peu accessibles. « Le principal défi sera de faire passer le câble à travers la fosse de Timor oriental, qui est très profonde (jusqu’à 3 310 m). Il faudra d’abord trouver un passage à travers cette fosse puis installer le câble dans des conditions ardues », explique Kenneth Baldwin, spécialiste des questions de transition énergétique à l’Université nationale australienne de Canberra.
Tellement complexe qu’un autre milliardaire australien, Andrew Forrest, longtemps engagé dans ce projet lancé en 2018, a préféré quitter le navire en 2023. Ce dernier, qui a fait fortune dans l’industrie minière avant d’embrasser la lutte contre le réchauffement climatique, mise davantage sur l’hydrogène vert, transportable par des navires-citernes sous forme liquéfiée.
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