Comment se profile la rentrée sur le plan économique ? « Nous allons reprendre les affaires dans un pays où il n’y a personne aux affaires, déclare en souriant François Asselin, président de la Confédération des petites et moyennes entreprises. Mais on sait bien qu’il y aura un jour d’après, et qu’il sera peut-être problématique… » D’ici là, l’économie française semble vouloir tourner au ralenti. « Les chefs d’entreprise ont mis les projets d’investissements ou de recrutements sur pause, poursuit le représentant des PME. On attend. »
« On ne sait pas à quelle sauce on va être mangés, avec quel gouvernement, quelle politique et quel projet de loi de finances », renchérit Mathieu Plane, directeur adjoint du département analyse et prévision à l’Observatoire français des conjonctures économiques. « Or, sans budget, pas de choix politiques, ni en termes de soutien à l’économie, ni en termes de fiscalité. Après quatre ans de crises, les chefs d’entreprise et les ménages se retrouvent à nouveau dans l’incertitude, et cela va se ressentir sur leurs comportements. Les ménages, par exemple, après avoir énormément épargné, ne vont sans doute pas avoir envie de relâcher un peu leurs efforts… », analyse-t-il.
Les indicateurs conjoncturels, publiés vendredi 23 août par l’Insee, confirment cette humeur mi-chèvre, mi-chou. L’indicateur du « climat global des affaires », qui avait fortement chuté en juin en raison de la séquence électorale, passant de 99 à 94, est remonté à 97. Un chiffre un peu inférieur à la moyenne de long terme, qui signale, selon l’Insee, « un dynamisme assez faible de l’activité sous-jacente, au-delà du boost ponctuel apporté cet été par les Jeux olympiques ».
La billetterie, les services de transport, d’hôtellerie et de restauration, ainsi que les recettes issues des produits dérivés, se chiffrent à 0,3 point de PIB environ, selon les estimations données en juillet par l’Insee. La croissance devrait donc, sur le troisième trimestre, atteindre au moins 0,3 %, sans que cela reflète pour autant les tendances économiques de fond. « Tout le monde est d’accord pour dire que les indicateurs ne sont pas très bons, mais s’attend quand même à ce que la croissance ne soit pas trop mauvaise au troisième trimestre », décrypte Mathieu Plane.
Des perspectives mornes
C’est après, au quatrième trimestre, que les choses pourraient se gâter. « La croissance, depuis le début de l’année, provient uniquement du commerce extérieur et de la dépense publique, observe Denis Ferrand, directeur général de Rexecode. Du côté du secteur privé, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent : les entreprises réduisent leurs stocks et les ménages ne consomment pas : c’est d’ailleurs grâce à cela que les importations n’augmentent pas. » La perspective, quasi inéluctable, de voir augmenter les impôts dans les mois qui viennent ne risque pas de modifier la propension des Français à l’épargne, estime l’économiste.
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