La Cour européenne des droits de l’homme annonce examiner une plainte déposée par Kiev contre Moscou en 2021
La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a annoncé lundi qu’elle examinait une plainte déposée par l’Ukraine contre la Russie en 2021 pour dénoncer les assassinats ciblés que le Kremlin aurait ordonnés contre ses opposants, en Russie et à l’étranger. Ce dossier « ainsi que les questions posées par la Cour » ont été transmis à la fin du mois de mars au gouvernement russe, qui a jusqu’au 23 juillet « pour soumettre ses observations », a précisé dans un communiqué l’organe judiciaire du Conseil de l’Europe.
La Russie n’est plus membre de l’organisation paneuropéenne depuis septembre 2022, mais reste tenue de se soumettre aux procédures de la CEDH lancées contre elle avant cette date. Dans sa plainte, déposée à Strasbourg en février 2021 – soit un an avant le début de la guerre –, le gouvernement ukrainien « allègue que le gouvernement russe a autorisé et continue d’autoriser des opérations d’assassinat ciblées contre les personnes qu’il considère comme des opposants, en Russie même et sur le territoire d’autres Etats », comme l’Allemagne, l’Autriche, la Bulgarie, la Lettonie, le Monténégro, le Royaume-Uni et l’Ukraine, explique la cour.
Moscou aurait « délibérément manœuvré » pour « dissimuler » ces crimes, affirme l’Ukraine, qui évoque dans sa plainte 24 assassinats ou tentatives d’assassinats commis entre 2003 et 2020. Parmi eux, Kiev cite les cas de Boris Nemtsov, abattu à Moscou en 2015, Zelimkhan Khangochvili, un Géorgien d’origine tchétchène tué à Berlin en 2019, et Anna Politkovskaïa, journaliste russe assassinée à Moscou en 2006. Ou encore ceux de deux ex-agents russes assassinés au Royaume-Uni, Sergueï Skripal en 2018 – avec un produit neurotoxique – et Alexandre Litvinenko en 2006 – avec une substance radioactive. Dans le cas de M. Litvinenko, la CEDH avait jugé la Russie en 2021 « responsable » de cet assassinat, ce que le Kremlin a toujours nié.
La plainte mentionne également les tentatives d’assassinat contre deux célèbres opposants russes : Alexeï Navalny, mort en prison l’an dernier, et Vladimir Kara-Mourza, condamné à vingt-cinq ans de prison puis libéré en août 2024 lors du plus grand échange de prisonniers entre Moscou et l’Occident depuis la guerre froide.