Le blocage de l’université Bordeaux-Montaigne, entamé il y a trois semaines par des étudiants protestant contre les coupes budgétaires, a pris fin vendredi 11 avril, après une intervention policière à la demande de la présidence. « Au regard des très nombreux messages qui m’ont été adressés (…) je mesure que cette décision sera accueillie comme un soulagement. Je sais aussi que les étudiantes et étudiants mobilisés y verront un acte autoritaire », a déclaré sur le site de l’université son président, Alexandre Péraud.
Sur une publication du compte Instagram de l’AG Montaigne, regroupant les étudiants à l’origine de la mobilisation, on peut voir plusieurs véhicules de police stationnés devant l’établissement. « Envoyer 60 policiers, gendarmes et CRS à 6 heures du matin pour déloger une occupation votée majoritairement dans une assemblée générale de plus de 900 personnes, c’est sans doute ça la conception de la “démocratie” et du “soulagement” », ont-ils ironisé dans un message posté en ligne. Ils ont appelé à une nouvelle AG dans la journée, dénonçant notamment des « violences » contre des étudiants lors de l’intervention policière. L’université, elle, affirme que l’opération s’est déroulée « sans incident ».
« Epuisement général » et « mécontentement grandissant »
Tous les cours en présentiel étaient arrêtés depuis le 24 mars, et les « multiples tentatives de dialogue » n’ont conduit à « aucune sortie de crise », souligne dans un communiqué Bordeaux-Montaigne, la plus petite des deux universités bordelaises (quelque 17 000 étudiants, sur un total d’environ 70 000).
L’établissement cite notamment « la multiplication des mises en danger des étudiants » et du personnel enseignant, des « locaux de plus en plus dégradés » et l’obtention des diplômes « clairement en danger ». « Le blocage était historiquement l’outil ultime d’une lutte. Sa légitimité et sa capacité à rallier tenaient à son exceptionnalité. Banalisé, le blocage brise le dialogue social et ne rallie plus les syndicats », a justifié M. Péraud.
Interrogés mercredi par l’Agence France-Presse (AFP), les syndicats Union étudiante Bordeaux et UNEF Bordeaux avaient assuré soutenir les revendications des bloqueurs, mais avaient décrit aussi « un épuisement général » et un « mécontentement grandissant » auprès des élèves et des enseignants. Les coupes liées à l’enseignement supérieur dans le budget du gouvernement Bayrou sont estimées à plus d’un milliard d’euros, selon les syndicats.