La scène se déroule un jeudi soir de novembre. Séance de nuit à l’Assemblée nationale, en plein budget. Dans la petite salle de la commission des finances, un léger bourdonnement s’installe pendant que plusieurs députées parlent des crédits du programme d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, un dispositif destiné en particulier à remettre en cause les stéréotypes sexistes. Le bruit s’amplifie. La députée socialiste de Seine-et-Marne Céline Thiébault-Martinez s’interrompt : « Si toutes les personnes présentes dans cette salle, notamment certains hommes, avaient suivi ce programme, ils s’apercevraient que, dès qu’une femme s’exprime, les hommes se mettent à chuchoter et à parler, comme si la parole des femmes avait moins d’importance. »
Eric Coquerel (La France insoumise), qui dirige les débats, ne peut que lui donner raison. « Il faut reconnaître qu’il y a souvent du brouhaha » en pareil cas, constate alors le président de la commission. Il avait déjà rappelé les députés à l’ordre deux semaines plus tôt. Les discussions confirment « d’autres stéréotypes de genre », ajoute-t-il : « La plupart des amendements visant à financer la protection de l’enfance ou des femmes ont été défendus par des femmes, tandis que la plupart des opposants étaient des hommes. » Oui, « les phénomènes genrés s’observent jusque dans notre commission », appuie Antoine Léaument (LFI, Essonne).
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