Le 4 septembre, 160 étudiants et membres du corps enseignants du campus de Berkeley (Californie) recevaient un e-mail expliquant que leur nom faisait partie d’une liste envoyée à l’administration Trump dans le cadre d’une enquête sur des « incidents antisémites présumés ». Lesquels ? Ils n’en savent encore rien.
Seule des 160 concernés dont l’identité est pour l’instant connue : la philosophe Judith Butler. Professeure à Berkeley depuis près de trente ans, elle a écrit une lettre ouverte, publiée par The Nation, Libération et La Stampa, le 16 septembre, comparant leur situation à celle du personnage du Procès de Kafka, accusé d’un crime dont il ignore tout.
L’affaire s’inscrit dans le contexte de l’offensive brutale menée par l’administration au prétexte de lutte contre l’antisémitisme au sein des universités. La tactique est toujours la même : lancer des « enquêtes », bloquer des milliards de dollars fédéraux destinés à la recherche, puis extorquer des concessions.
Accusée de tolérer l’antisémitisme sur son campus, et menacée à ce titre de perdre 1,3 milliard de dollars (1,1 milliard d’euros) de fonds fédéraux, l’université de Columbia (New York) a négocié avec l’administration, et accepté de payer une amende de 221 millions de dollars. Harvard, qui fait l’objet de douze enquêtes fédérales depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, a porté l’affaire devant la justice, mais poursuivi des négociations en parallèle – il a été question d’un accord 500 millions de dollars. Des tractations qui apparentent l’opération à du racket organisé.
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