Le politiste Florent Gougou est maître de conférences à Sciences Po Grenoble. Chercheur au sein du laboratoire en sciences sociales Pacte, il a notamment publié deux articles dans la Revue française de science politique : « La consolidation d’un nouvel ordre électoral ? » (novembre-décembre 2022) et « Le déploiement d’un nouvel ordre électoral ? » (à paraître).
Beaucoup attribuent l’instabilité gouvernementale au morcellement de l’Assemblée nationale – depuis 2022, aucun groupe parlementaire ne dispose de la majorité absolue. Diriez-vous, comme d’autres, que cette fragmentation rend la France « ingouvernable » ?
Pour un Français qui a connu la Ve République des années 1960 aux années 2010, l’Assemblée nationale issue des élections législatives de 2022 ou de 2024 peut en effet paraître très étrange : aucune coalition majoritaire évidente d’un point de vue idéologique ne se dégage de l’Hémicycle. En soixante ans, de 1962 à 2022, le cas ne s’était produit qu’une seule fois : au lendemain de la réélection de François Mitterrand, en 1988, les socialistes n’avaient pas obtenu la majorité absolue – mais ils en étaient tellement proches que personne ne contestait leur droit à diriger le gouvernement.
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