Il y a le nom : Brady Corbet. Un nom que l’on pourrait imaginer d’emprunt. Comme un pseudonyme qu’un artiste choisit quand il veut se faire passer pour plus américain qu’un Américain. Mais l’acteur et réalisateur Brady Corbet n’a pas eu besoin de modifier son état civil. Il est l’auteur de trois films en moins de dix ans, avec d’abord L’Enfance d’un chef (2015), d’après la nouvelle de Jean-Paul Sartre, sur la conversion progressive d’un jeune homme au fascisme, puis Vox Lux (2018), qui suit le parcours d’une star de la pop. Deux films passés inaperçus, jamais sortis en France, le premier tourné en Hongrie, le second aux Etats-Unis, dans un complet anonymat. Son troisième film, The Brutalist (sortie le 12 février), est voué à un destin différent.
Quand, en septembre 2024, il arrive de New York pour le présenter à la Mostra de Venise, le réalisateur américain ne vient pas les mains vides. A une époque où la copie d’un film se réduit à un fichier informatique, Brady Corbet s’installe dans la cité des Doges avec vingt-six bobines, d’un poids total de plus de 150 kilos. Cette logistique d’un autre temps s’explique par le format VistaVision qu’il a choisi. Celui-ci a été utilisé pour la dernière fois dans le cinéma américain par Marlon Brando, en 1961, lors de son unique passage derrière la caméra, pour le western La Vengeance aux deux visages. Il exige une pellicule en 70 millimètres – qui autorise la plus grande surface de film à l’écran. Celle-ci était particulièrement populaire dans les années 1950 et 1960, quand le cinéma cherchait à asseoir la suprématie de la salle sur la télévision avec des films comme Ben-Hur (1959), West Side Story (1961), Lawrence d’Arabie (1962) et 2001, l’Odyssée de l’espace (1968).
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