Une haute armature métallique aux allures de cage occupe le plateau de La Scala, à Paris. Elle domine deux trampolines posés côte à côte tel un gigantesque canapé déplié. Quelques minutes plus tard, elle tourne sur elle-même en modulant la place des trampos, qui se retrouvent de chaque côté du dispositif pris d’assaut par six acrobates. Et c’est un invraisemblable ruissellement de corps qui chutent et rejaillissent tels des jets d’eau humains.
Cette vision fulgurante illumine le spectacle Face aux murs, de Damien Droin. A la tête de la compagnie Hors Surface depuis 2010, le trampoliniste s’est fait connaître pour ses scénographies extraordinaires au cœur desquelles il rebat les cartes de sa pratique. « J’aime créer des espaces qui donnent du sens à l’acrobatie et en repoussent les limites », dit-il en revendiquant le cirque comme un « art de déplacement et de dépassement ». Dont acte dans Face aux murs, qui propulse la technique vers des sommets à grand renfort de courses à la verticale le long de la paroi.
Si les agrès tels le trapèze, le fil, la corde, les tissus, repères essentiels de l’identité du cirque, sont toujours au rendez-vous, ils sont régulièrement réinventés par des circassiens expérimentateurs. Certains proposent des variations inédites sur un agrès déjà existant comme le fameux mât chinois en trois morceaux de Nicolas Fraiseau dans son solo Instable (2018) ou la roue Cyr surdimensionnée de 3 mètres de diamètre équipée d’une caméra de Juan Ignacio Tula pour Sortir par la porte, une tentative d’évasion.
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