Dans un message publié jeudi 15 mai sur le réseau social X, la ministre déléguée à l’égalité femmes-hommes, Aurore Bergé, se réjouit de la disparition de la plateforme TikTok du compte de l’influenceur AD Laurent, à la suite du signalement qu’elle avait effectué la veille. « Depuis ce signalement, vous êtes très nombreux à m’écrire pour m’indiquer d’autres comptes. D’autres signalements suivront. Les réseaux sociaux ne sont pas une zone de non-droit », ajoute-t-elle.
Mercredi, la ministre avait écrit au président de TikTok France pour alerter sur le contenu « extrêmement préoccupant » diffusé par AD Laurent (plus de 1,8 million d’abonnés sur la plateforme). Adrien Laurent, de son vrai nom, y propageait « une vision déformée et toxique de la sexualité où la domination et la violence prennent le pas sur le respect et le consentement », écrivait Mme Bergé dans cette lettre, révélée par RTL. Elle citait des « lives répétés avec des jeunes filles, dont il est difficile de déterminer l’âge tant elles paraissent jeunes », avec des « allusions sexuelles constantes » et des « vidéos décrivant des pratiques sexuelles violentes et sans consentement ».
« Ces images contribuent à ancrer une culture de l’hypersexualisation et de la soumission des femmes, exposant un public toujours plus jeune à des représentations contraires aux principes fondamentaux d’égalité et de respect », pouvait-on lire dans le courrier de la ministre. Contacté pour savoir si la disparition du compte était bien liée à la demande d’Aurore Bergé, le réseau social TikTok n’a pas donné suite aux sollicitations du Monde.
« Brochette de diffamation et de mensonges »
Ancien candidat de télé-réalité devenu acteur pornographique, Adrien Laurent, qui se produit également dans des boîtes de nuit, avait déjà vu son compte Instagram supprimé en 2020 (il en a depuis recréé un, actuellement suivi par près de 280 000 internautes). Il possède également un canal Telegram dans lequel se retrouvent près de 360 000 personnes. Mais il demeure « particulièrement mis en avant » sur TikTok, regrettait la ministre dans sa lettre, ce qui « interroge sur l’efficacité des dispositifs de modération en place et sur les engagements de TikTok en matière de protection des utilisateurs les plus vulnérables ».
Après avoir pris connaissance du contenu de ce courrier, AD Laurent a dénoncé sur Snapchat une « bonne grosse brochette de diffamation et de mensonges ». « Je ne bosse qu’avec des filles majeures, consentantes et professionnelles, a-t-il écrit. Je n’attise aucune haine, n’humilie jamais personne et la discrimination n’est pas dans mon comportement. (…) Je prône le consentement et le respect entre les hommes et les femmes », poursuit l’influenceur. « On veut me censurer ? Dans un pays qui prône les droits de l’homme ? » Après la suppression de son compte, AD Laurent a simplement écrit : « Remaniement ministériel, Aurore Bergé devient contrôleuse de TikTok. »