La formule du député (Rassemblement national, RN) Guillaume Bigot pour justifier la non-censure du gouvernement Barnier par le parti de Marine Le Pen a fait mouche, mardi 8 octobre, à l’Assemblée nationale. « Nous ne censurons pas car, à ce stade, c’est inutile. Un seul tweet de Marine Le Pen suffit à faire infléchir la position du premier ministre sur la désindexation des salaires [des retraites] ! Et il aura suffi d’un simple rappel à l’ordre pour que le chef du gouvernement fasse comprendre – merci d’être intervenu, monsieur le premier ministre – à son ministre de l’économie que sa porte devait rester ouverte à tous. »
Une allusion au recul de Michel Barnier, le 4 octobre, sur le gel des pensions. Mais surtout à l’appel de Michel Barnier à Marine Le Pen, le 24 septembre, pour démentir les propos publics tenus par le ministre de l’économie, Antoine Armand. Ce jour-là, le macroniste de 33 ans, tout juste nommé à Bercy, se dit prêt à collaborer avec tous les partis, « pour peu qu’ils soient dans l’arc républicain ». Or, le RN, « contre lequel nous avons été élus, face auquel nous avons fait un front républicain », n’appartient pas à l’arc républicain, juge-t-il, dans la matinale de France Inter.
Une heure trente plus tard, Marine Le Pen et Michel Barnier sont assis côte à côte, pour la première fois, dans le salon des Jeux, à l’hôtel de Lassay, où se tient la première conférence des présidents de la législature. Le premier ministre assure aux onze présidents de groupe, de la cheffe de file des « insoumis », Mathilde Panot, à celle du RN, que sa porte leur est ouverte, qu’il respectera l’ensemble des groupes, qu’il refusera tout sectarisme, comme il l’a déjà dit publiquement. A la présidente du groupe RN, qui évoque les propos d’Antoine Armand, le locataire de Matignon répond que, pour sa part, il « parle à tout le monde ».
A peine sortie de la réunion, Marine Le Pen, assurée qu’Antoine Armand a pris des libertés avec la ligne du premier ministre, hausse le ton devant les caméras. « Quand j’entends M. Armand ce matin, qui explique que sa porte sera toujours fermée aux députés du RN alors que nous avons juste le budget qui arrive, je pense que le premier ministre doit aller expliquer à l’ensemble de ses ministres quelle est la philosophie de son gouvernement, car il semblerait que certains n’aient pas encore totalement compris », grince-t-elle, dans les couloirs de l’Assemblée.
Une demande de clarification promptement exaucée. Alors que Marine Le Pen préside, en fin de matinée, une réunion de l’intergroupe RN-Union des droites pour la République (le groupe d’Eric Ciotti), le téléphone d’un proche collaborateur vibre : le premier ministre cherche à la joindre. « On va attendre un peu », fait-elle signe à son collaborateur.
Il vous reste 40.01% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.