Sabre au clair, « colère » en bandoulière, Edouard Philippe s’est donc lancé dans la course à l’Elysée. Il fustige l’immobilisme du premier ministre François Bayrou et la timidité de ses prédécesseurs (sauf un, on devinera lequel). Il jure qu’il est possible de réformer l’Etat, les retraites et la politique migratoire. Mais le cœur de son projet pour sauver la France, c’est de compléter la retraite par répartition (les actifs payent les pensions des retraités) par une couche de capitalisation obligatoire (les actifs épargnent pour leurs vieux jours), qu’il propose de fixer à 15 %.
On ne se sait pas très bien qui financera ce nouveau dispositif – le contribuable ? Le déficit ? Les entreprises ? Les salariés ? – mais passons. Le débat sur les fonds de pension, qui avait fait fureur dans les années 1990 est relancé. Il suscite toujours autant de passions, car il est imprégné d’idéologie.
Les partisans des fonds de pensions avancent sous le masque du pragmatisme : à les écouter, il s’agit d’affronter deux problèmes, le vieillissement de la population et les besoins de financement des entreprises. Mais leurs arguments peinent à convaincre.
La démographie, d’abord. Personne ne nie qu’elle crée une forte tension sur le système des retraites. Mais en quoi les fonds de pensions vont-ils régler le problème ? D’un point de vue économique, quel que ce soit le système (répartition ou capitalisation), c’est toujours l’activité du présent qui permet de payer les pensions du présent. Seule la tuyauterie qui lie la première aux secondes change d’un modèle à l’autre. L’idée qu’on puisse téléporter dans le futur le fruit du travail de l’année présente est une vue de l’esprit.
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