Tout se passait bien pour l’AS Saint-Etienne. Mal engagés dans le championnat de France, les joueurs stéphanois avaient bien commencé le derby face à leur rival régional de l’Olympique lyonnais. En tête (1-0), dominateurs et dans un stade Geoffroy-Guichard acquis à leur cause, les Verts semblaient bien partis dans ce match de clôture de la 30e journée de Ligue 1, dimanche 20 avril. Mais la rencontre a été interrompue, juste avant la mi-temps, après qu’un projectile expédié depuis les tribunes a frappé à la tête un arbitre assistant.
Selon les images diffusées par DAZN, alors que les Lyonnais s’apprêtaient à jouer une touche, l’arbitre de touche Mehdi Rahmouni a été touché par ce projectile, et s’est pris la tête dans les mains. Après que son assistant a été examiné par le staff médical de l’OL, l’arbitre central François Letexier, a décidé de faire rentrer les équipes au vestiaire – sans siffler la mi-temps.
La cellule de crise montée en urgence avait alors 45 minutes pour décider si la rencontre reprenait, ou si la rencontre était considérée comme définitivement arrêtée. Après une longue période de tergiversation, le choix a été fait de laisser reprendre le jeu.
Mehdi Rahmouni « a reçu un projectile sur le crâne. Il a décidé de revenir au vestiaire parce qu’il était un peu étourdi. On a fait venir un médecin pour le contrôler, mais il n’est pas blessé, il n’a pas de plaie. Il a pris un doliprane, et après quelques de repos, il a décidé de pouvoir reprendre la partie », a déclaré après une longue interruption, un délégué de la partie en conférence de presse, diffusée sur DAZN. Et après plus de quarante-cinq minutes d’interruption, la rencontre a repris pour les quatre dernières minutes de la première période.
« Une ligne rouge à ne pas franchir », déclarait la ministre plus tôt
Si le derby entre Stéphanois et Lyonnais est souvent tendu, les supporteurs lyonnais ont été interdits de déplacement en amont de la rencontre. Si d’importants craquages de fumigènes ont été constatés dans les deux kops stéphanois, dont les tribunes sont sous le coup d’un sursis en raison « d’usages massifs d’engins pyrotechniques ou expression orales », le projectile semble provenir d’une tribune latérale, ce qu’a confirmé le délégué du match.
Cet incident intervient alors que plusieurs groupes de supporteurs – notamment de l’ASSE – sont la cible des autorités, en particulier du ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau. Quelques heures avant que le juge de touche ne soit visé, la ministre des sports, Marie Barsacq, s’inquiétait de la violence contre les arbitres dans les stades français. « On veut retrouver des stades de foot festifs, on a besoin des groupes de supporteurs, des ultras, mais il y a une ligne rouge à ne pas franchir », a exprimé Marie Barsacq sur RMC.
Si la commission de discipline de la Ligue de football professionnelle devra s’emparer de cet incident, à titre de comparaison, en 2021, quand lors d’un match entre Lyon et Marseille, le joueur marseillais Dimitri Payet avait été touché par un jet de bouteille, les sanctions avaient été sévères. Un point avait été retiré à l’OL et la rencontre avait été rejouée à huis clos ; et le ministre de l’intérieur de l’époque, Gérald Darmanin – désormais à la justice – avait annoncé que si un acteur du match, joueur ou arbitre, était touché par un projectile, la rencontre serait d’abord interrompue, avant d’être arrêtée sur décision des arbitres. Moins de quatre ans plus tard, un autre choix a été fait par la cellule de crise. Mais cet incident devrait entraîner d’autres conséquences.