L’opposant cubain José Daniel Ferrer, qui a quitté Cuba lundi 13 octobre, est arrivé en exil à Miami, après des décennies de lutte en faveur d’un changement démocratique sur l’île et d’opposition au gouvernement communiste.
« Je vais poursuivre le combat, mais je ne vais pas le poursuivre seul, je dois travailler avec tous les exilés » cubains, a déclaré M. Ferrer lors d’une conférence de presse peu après son arrivée aux Etats-Unis. « Et mon intention est que nous puissions retourner à Cuba dès que possible », a-t-il ajouté.
Il y a dix jours, le fondateur du mouvement Union patriotique de Cuba (Unpacu), défenseur de la lutte pacifique en faveur d’un changement démocratique sur l’île et opposant au gouvernement communiste avait « fini par accepter l’exil » face aux pressions exercées par les autorités. Il avait dénoncé des « coups, tortures, humiliations et menaces » en prison.
Le ministère des affaires étrangères cubain avait écrit un peu plus tôt dans un communiqué que le dissident, âgé de 55 ans, avait quitté le pays avec sa famille. « Ce départ à destination des Etats-Unis a lieu après une demande formelle du gouvernement de ce pays et l’accord express de Ferrer », avait ajouté le ministère cubain.
José Daniel Ferrer était incarcéré dans la prison de Mar Verde, à Santiago de Cuba, dans l’est de l’île. Il a été emmené à l’aéroport de la ville, où il a retrouvé cinq membres de sa famille qui quittaient le pays avec lui, avant d’être embarqué dans un avion à destination des Etats-Unis.
Le dissident avait été remis en liberté en janvier dans le cadre d’un accord négocié avec le Vatican sous le mandat de l’ex-président américain Joe Biden, en vue de la libération de centaines de prisonniers. Il avait été à nouveau emprisonné en avril.
Le fondateur de l’Unpacu avait été arrêté le 11 juillet 2021 alors qu’il tentait de se joindre aux manifestations antigouvernementales historiques qui secouaient Cuba. Un tribunal avait alors mis un terme à sa liberté conditionnelle et l’avait renvoyé en prison pour finir de purger une peine de quatre ans et demi à laquelle il avait déjà été condamné en 2020.
Un exil sous pression et une opposition persistante
Pendant ses quelques mois de liberté en 2025, José Daniel Ferrer avait défié les autorités en critiquant le pouvoir communiste sur les réseaux sociaux et rencontré le chargé d’affaires américain, Mike Hammer, à Santiago de Cuba. Il avait également mis en place une cantine dans sa maison pour accueillir des personnes dans le besoin, financée par des Cubains de l’étranger, une action considérée comme du prosélytisme politique par les autorités.
Né le 29 juillet 1970 à Palma Soriano, une localité de la province de Santiago de Cuba, le jeune militant Ferrer avait fait partie des 75 prisonniers politiques arrêtés lors du « Printemps noir », une vague de forte répression contre la dissidence menée en 2003 par le pouvoir de Fidel Castro. Il avait alors été condamné à vingt-cinq ans de prison et libéré en 2011, après une négociation entre le gouvernement cubain et l’Église catholique. Comme onze autres dissidents, il avait cependant refusé de quitter l’île en échange de sa libération.
Au fil des années, l’Unpacu était devenue l’une des organisations dissidentes les plus en vue, réussissant à réunir des opposants sur l’ensemble de l’île. « Avec sa voix puissante », José Daniel Ferrer continuera « à se battre pour son pays » depuis les Etats-Unis, « jusqu’au jour où il pourra revenir », a salué lundi dans un communiqué un collectif dissident, le Conseil pour la transition démocratique à Cuba. « Il sera essentiel pour la cause démocratique cubaine », selon ce collectif.