Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône).
Ce vendredi 4 juillet, la chaude soirée d’ouverture du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence, dont la 77ème édition promettait un très attendu Don Giovanni de Mozart, a accueilli un spectacle glaçant, plongeant la huitième production de cet opéra emblématique du festival, dans le néant et l’obscurité. Pari audacieux pourtant, que celui tenu par feu Pierre Audi, brutalement disparu le 3 mai, que d’offrir ses débuts lyriques au metteur en scène de théâtre britannique, Robert Icke, génie quarantenaire prophète en son pays (son travail sur l’Orestie d’Eschyle lui a valu en 2016 un prestigieux Laurence Olivier Award), jusqu’alors quasi inconnu en France. Audacieux, mais raté.
« Qui est mort, vous ou le vieux ? » Cette réplique disruptive du valet Leporello alors que Don Giovanni vient de tuer en duel le Commandeur dont il a violé la fille, illustre généralement le balancier entre tragique et comique du drama giocoso voulu par Mozart et son librettiste Da Ponte. Robert Icke s’interroge cependant. Qui est mort ? Personne. Ou plutôt les deux ainsi que le montrera, durant l’ouverture, un vieux commandeur en costume écoutant Mozart sur un vieil électrophone, victime d’une crise cardiaque, dont l’agonie verra défiler la vie du Don Giovanni qu’il a été.
Il vous reste 74.02% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.